vendredi 13 décembre 2013

Claude AUBERT luthier à Troyes à l'honneur à la vente de Vichy en décembre 2013.

Ce samedi 14 décembre 2013 a lieu la traditionnelle ventes de Vichy, animée par Maître LAURENT et Fils. Les luthiers de Troyes seront à l'honneur avec une viole d'amour à six cordes et six cordes sympathiques de Claude AUBERT.
Claude AUBERT : viole d'amour.
Claude AUBERT est né à Bétignicourt dans l'Aube le 19 septembre 1721, ses parents étaient cultivateurs. On ne sait pas où il se forma, en revanche on le retrouve à Troyes dés 1754 où il fut le seul luthier  de cette ville du XVIIIème. Sa production a été importante et variée : Quinton de 1754 du musée de La Villette, violons et violoncelles chez François Joseph POMMET luthier à Reims, guitares de La Villette.....
Acte de baptême de Claude Aubert. 
 
Viole d'amour de Claude AUBERT.
Claude AUBERT avait épousé Jeanne Alexandrine BASSUEL en 1748. Il est décédé à Troyes le 19 avril 1794 à 72 ans.
Marque de Claude AUBERT sur une guitare du musée de La Villette.
Il a eu comme apprentis puis comme collaborateurs Claude GIRON et Alexis VILLAUME, d'ailleurs au mariage de ce dernier, ces trois luthiers troyens sont signataires de l'acte de mariage.
Signature de Claude AUBERT en 1788.

Alexis VILLAUME est né le 30 octobre 1766 à Mirecourt. Il était le fils de Nicolas VILLAUME laboureur. Il commença comme apprenti dans sa ville, avant de rejoindre Troyes où il travailla avec Claude AUBERT et Claude GIRON de 1783 à 1789. Le 1 septembre 1788 il épouse à Troyes Catherine MONGIN de Châtillon sur Saône. Il s’établit seul puis rachète en 1791 avec Claude GIRON l’atelier de Claude AUBERT ; il est associé avec C. GIRON jusqu’à la mort de celui-ci en 1832. Il continue son activité jusqu’au 31 décembre 1842, date de sa mort à Troyes au n° 1 rue des Neuves Boucheries. (147)(23)

Signature d'Alexis VILLAUME (1766-1842) en 1788.
 
Basse guitare de 1791 de VILLAUME et GIRON. (Musée de Leipzig)
 
Claude GIRON est né lui aussi à Mirecourt le 1 mars 1762. Son père François GIRON était marchand de vins. Formé à Mirecourt, il rejoint l'atelier  de Claude AUBERT où il fait son apprentissage de 1774 à 1780, et sera ensuite employé dans le même atelier jusqu’en 1791, ou il prendra la succession de Claude AUBERT.

Signature de Claude GIRON en 1788.
 

 
Il épouse Marie Claude CHAUMINOT à Troyes le 8 janvier 1796. Il décède à 70 ans à Troyes le 20 mai 1832.
 
Guitare Villaume et Giron à Troyes du Musée de la Villette.



vendredi 18 octobre 2013

De Mirecourt à Marseille : La famille DANIEL, luthiers et facteur d'instruments en cuivre.

Dans notre travail sur les facteurs d'instruments de musique de l'est de la France, une marque trouvée sur un flageolet et des parties de clarinette nous intriguait : dans un ovale en pointillés " DANIEL/ Breveté/Mirecourt".
Grâce au travail de Jean Jacques BONA publié sur son blog : Luthier Vents l'énigme à été résolue.
Il s'agit de deux membres de la famille DANIEL de Mirecourt, le père Charles Bruno DANIEL et de son fils Edmond DANIEL.
Signature de Charles Bruno DANIEL en 1840.
Charles Bruno DANIEL est né le 2 octobre 1801 à Mirecourt. Son père Joseph Bernard DANIEL (1772- ?) était marchand à Mirecourt. Il sera luthier d’abord à Mirecourt, puis à Marseille. Il épouse Marie Anne Thérèse ARGANT en 1828 à Vézelise (54) ; ils auront trois enfants : Edme Bernard Auguste DANIEL (1829- ?), Marie Thérèse Ernestine DANIEL(1833- ?), tous les deux nés à Mirecourt et Marie Louise DANIEL (1840- ?) née à Marseille. Il s’installe à Marseille entre 1833 et 1840 comme marchand luthier. Il décède à 46 ans le 28 juin 1848 à Marseille.
Sa veuve reprend le magasin, aidée par son fils Edme dit Edmond DANIEL qui n’a que 19 ans.

Signature d'Edmond DANIEL en 1853.

 Malgré son jeune âge Edmond DANIEL se lance en 1852, avec trois ouvriers, dans la facture d’instruments en cuivre. « Bon musicien, possédant bien la plupart des instruments en cuivre » il obtient un brevet d’invention de 15 ans pour « un système de piston à spirale qui diminue la course des tiges des instruments à pistons » le 8 décembre 1852. Le principe était simple, un système de rotation du piston, raccourcissait sa course donc facilitait son utilisation.
Système de piston à spirale du brevet de 1852.
Dès avril 1853, il améliore son brevet en proposant « un jeu de clés qui remplace les boutons ».
Addition d'avril 1853.
Pour la seconde addition à son brevet, en octobre 1853 il adapte ses pistons au trombone et à l’ophicléide. Pour son troisième séjour à Paris il réside chez LABBAYE, célèbre famille de facteurs de cuivres parisiens, 17 rue du Caire.

Adaptation des pistons à spirale au trombone d'octobre 1853.
Comme tous les facteurs d’instruments en cuivre il se heurte au monopole d’Adolphe Saxe et lui demande une licence qu’il obtient.

Marque d'un saxhorn.
En fait Daniel, au niveau des cuivres se fournissait chez d’autres facteurs, comme GAUTROT puis COUESNON et recevait les instruments soit terminés, soit en parties qu’il assemblait et finissait. Il était également revendeurs d’autres instruments à vent (Clarinettes, flûtes etc…). Au niveau des instruments à archets il était secondé par des luthiers comme Paul François BLANCHARD de Mirecourt ou Antoine Marius RICHELME de Marseille
Marque d'une clarinette à 13 clés.
Alors que pensez de la marque « Daniel/Breveté/Mirecourt » ? Elle appartient bien à Edmond DANIEL, il suffit de la comparer avec celle de Marseille, et l’utilisation de la mention brevetée nous conforte dans cette idée. Mais pourquoi Mirecourt ? Peut-être une tentative de succursale à Mirecourt ? Avec des instruments de Mirecourt (Rémy-Genin ?), pour le moment nous n’en savons rien.
Il avait épousé le 22 juillet 1857 à Marseille Claire Adélaïde ESCOFFIER(1833- ?) dont il divorcera trente ans plus tard en 1887 et épousera en 1890 Emilie Anne Marie CAUSSIN (1850- ?) la fille de François Nicolas CAUSSIN (1819-1884), célèbre luthier de Neufchâteau dans les Vosges.
Cornet système compensateur de SUDRE, ajusteur breveté DANIEL.
(Collection J.M. RENARD) 
François SUDRE (1844-1912) a fait son apprentissage chez E. Daniel à Marseille. C’est lui qui possédait et  développa le brevet d’Edmond DANIEL de 1884 : « Système compensateur adapté aux cuivres ».
« Mr Sudre, propriétaire du brevet Daniel, l’a modifié et en a fait la base d’un système qu’il nomme compensateur et qui lui permet par les combinaisons d’une double perce d’obtenir le rallongement de certains tubes des pistons d’une manière logique et sans changer le doigté ».
Détails cornet SUDRE (Collection J.M RENARD)
Il vivait en 1906 avec son épouse au 2 cours Belsunce à Marseille.
Merci à Jean Jacques BONA pour toutes ses recherches.



vendredi 21 juin 2013

Nicolas Pierre JOLY (1799-1885) à Bar sur Aube, orfévre fabricant de serpents en métal.

    Serpent en ré et en métal à 6 trous et 2 clés. (National Music Muséum- Vermillion : collection de  Joe R et Joella F.Utley.)
Nicolas Pierre Joly est né à Bar sur Aube le 29 juin 1799. Son père Bernard Joly était aubergiste. Il épouse en 1821 Jeanne Louise Renaud (1800- ?) avec laquelle il aura trois enfants. Il exerce le métier de bijoutier à Bar sur Aube (10), pourquoi s’essaya-t-il dans la fabrication de serpents en métal ? Nous n’en savons rien. Il est décédé le 28 février 1885 à l’âge de 85 ans.

Signature de Nicolas Pierre Joly en 1821 à son mariage.

Le serpent est connu comme instrument accompagnateur  du chant liturgique lors des offices religieux. Mais dès la fin du XVIIIe siècle, le serpent connaît, en parallèle à cette fonction religieuse, une utilisation toute différente au sein des musiques militaires. Cette nouvelle fonction induit une évolution technique de l'instrument. Sa forme change pour permettre une meilleure prise en main lors des défilés à pieds ou pour jouer à cheval. L'ajout de clés permet une meilleure intonation et une plus grande virtuosité. Sa structure évolue également, le métal remplace le bois recouvert de cuir pour assurer une plus grande robustesse.

Serpent du musée de Vermillion.

Les deux serpents réalisés par N.P Joly  correspondent à cette préoccupation.

Deux clés et trous de jeu.



















 

lundi 20 mai 2013

Clarinette KELLER dans un tableau de François Léonard DUPONT WATTEAU (1756-1821)

Une petite balade dans le nord et une visite du magnifique musée des beaux arts de Lille m'a permis de faire une découverte intéressante et je ne suis pas sur que cela avait déjà été noté.
 Il s'agit du tableau " Attributs des Arts" de 1785 réalisé par François Léonard DUPONT  dit DUPONT-WATTEAU (1756-1821) pour sa réception à l'académie de Lille.
Attiré par cette jolie nature morte comportant des instruments de musique, je m'approche et observe la clarinette qui a mon grand étonnement comporte les marques de KELLER à Strasbourg avec les angelots. Discrètement je prends quelques photos....elles ne sont pas bonnes, mais c'est un commencement.

Marque " KELLER à Strasbourg  G "
Les instruments dans ce tableau sont particulièrement bien illustrés, avec bon nombres de détails.
 Mais qui est François Léonard DUPONT - WATTEAU ? Il est né en Belgique à Moorsel en 1756. Arrivé à Lille comme mécanicien il découvre la peinture et devient l'élève de Louis Joseph WATTEAU (1731-1798) dit WATTEAU de Lille, artiste peintre lillois, professeur de la classe de dessin de l'école centrale du nord et petit neveu du grand Jean Antoine WATTEAU (1684-1721).
Portrait de Louis Joseph WATTEAU par H.A.C Mailly.
François DUPONT épouse le 18 juin 1782 à Lille la fille de son professeur, Béatrice Joseph WATTEAU (1759-1823). Il peint en 1785 notre belle nature morte (signée "Fr. Dupont 1785") pour être agréé d'abord à l'académie des Arts de Lille, avant d'y être reçu à titre définitif en 1786.
Il peint des natures mortes dont il sera un des spécialistes mais aussi des portraits, des paysages et des miniatures. Sa carrière de peintre fut de courte durée car il abandonna la peinture vers 1798 pour se consacrer à sa première passion la mécanique. Il devait être musicien et ceci à son importance par rapport à notre tableau. Il est décédé le 7 février 1821 à Lille.
 Revenons à notre clarinette : Elle correspond parfaitement aux modèles de l'atelier KELLER à Strasbourg. Le modèle du tableau a été réalisé avant 1785, c'est à dire avant la mort de Jean III KELLER, donc a la période où les trois frères (Jean III, Isaac, Philippe) travaillaient ensemble.
Clarinette en Ut à 5 clés de "KELLER à Strasbourg". (collection particulière N.C.)


 
Voyons l'instrument en détail. 
Les marques : même si cela n'est pas bien visible sur nos photos, elles sont parfaitement visibles sur le tableau même sans loupe, " Angelot trompettiste (at)-KELLER-G" sur le corps main gauche, "A Strasbourg" corps main droite, "at-KELLER-A Strasbourg-G" corps du bas"


 Clarinette en Ut (Collection NC)


Clarinette à quatre corps (plus le bec), avec la particularité du XVIII° siècle : corps du bas et pavillon en une seule pièce.


5 clés carrées montées sur blocs......

Dont l'articulation de la grande clé du corps du bas typique de Keller.

A noter le bec qui se joue avec l'anche tournée coté lèvre supérieure, technique utilisée à cette époque.

....Et cette clarinette est en G c'est à dire en sol.

Les clarinettes en sol sont très rares, je n'en ai pratiquement pas trouvé au XVIII° et quelques unes au début du XIX° siècle (Schemmel, Stiegler...) et bien sur après les clarinettes turques.

Donc c'est une rareté....pour quelle musique ? Peut être une question pour les spécialistes de la clarinette....alors à vos commentaires.
 
Et cette clarinette en sol n'est pas là par hasard, puisque que la partition de ce tableau est en sol majeur.
Partition en sol majeur (1 dièse) et en 6/8.
 Là aussi avis aux experts qui pourraient reconnaître la partition.
 
Voilà il y a encore beaucoup à dire sur ce tableau....
 
Par exemple au niveau du basson ....qui pourrait être également de Keller, je ne l'ai pas assez regardé pour voir une marque. Il ressemble beaucoup à un basson de Bühner et Keller du musée de la Villette à Paris
Basson du Tableau.
Basson de Bühner et Keller du Musée de la Musique de la Villette E 604.
 
Détails du basson E 604.
Je ne suis pas un spécialiste des bassons mais il y a beaucoup de points communs (forme des clés...)
 
Alors les spécialistes du basson c'est à vous de jouer..... et les spécialistes des guitares....
 
N'hésitez pas à nous donner votre avis sur ce tableau.
 
 
Commentaires :
 
José Daniel TOUROUDE
 
"René, les clarinettes en sol sont longues forcément (autour de 70 cm ) d'où les clarinettes d'amour envoyées ;  si on agrandit encore l'instrument on se trouve avec les corps de basset en Fa. 
Pour la Schemmel je pense que c'est une clarinette en sol aigu (mais à prouver)"
Pour ton tableau , mesurer "la" Keller devient indispensable…. " 
 


Deux clarinettes d'amour en G, anonymes allemandes. (MET Muséum New York).
 Maurice VALLET.
 
Bonjour René,
Très joli tableau. Tu nous dis que cette belle clarinette de Keller est en sol. Je vois que la lettre marquée sous la signature Keller est un C ? Tu sais que cette lettre correspond à la note DO ou UT. Mon raisonnement est peut être faux ? A toi de me le dire, si tu le veut bien. Ceci dit, je te présente mes sincères félicitations pour le travail effectué sur ces blogs qui sont enrichissants.
Bien amicalement.

Maurice Vallet.
Florence GETREAU.
 
Cher René Pierre,
Lisant votre message concernant la peinture de François-Léonard DUPONT-WATTEAU, voici l'information que je peux vous apporter. J'ai analysé cette œuvre dans le catalogue d'exposition dont j'ai été le commissaire et l'auteur du catalogue en 2009 sous le titre de :
Florence Gétreau, Voir la musique. Les sujets musicaux dans les œuvres d’art du XVIe au XXe siècle, Musée départemental de l’Abbaye de Saint-Riquier, Musée de Millau, Musée des Beaux-Arts de Carcassonne, 2009, 154 p., 76 ill., http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00390348/fr/
J'ai identifié la musique, l'auteur de la clarinette, et j'ai proposé une identification pour la guitare. Je vous adresse en "PDF" le texte de la notice que j'ai rédigé. A mon grand regret, ce catalogue n'a été diffusé que dans les trois lieux de l'exposition et n'est plus disponible à la vente pour des raisons purement administratives (régies municipales). On peut cependant le consulter à la Médiathèque de la Cité de la musique, à la BNF, à la Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art à Paris. 
Je vous souhaite bonne lecture. Bien cordialement, Florence Gétreau

Florence Gétreau
Directeur de recherche au CNRS
Directeur de l'Institut de recherche sur le patrimoine musical en France (CNRS-Culture-BNF) www.irpmf.cnrs.fr
 
"Tous tes autres éléments se rapporte à la musique. Un basson est appuyé contre la table et comporte
semble-t-il cinq clefs, comme les spécimens réputés de Porthaux, facteur parisien contemporain
du tableau Une flûte traversière est placée à côté d'une clarinette. Construite en buis avec quatre clefs plates en laiton bien visibles. Celle-ci porte en trois endroits la marque au fer de la maison Keller, active à Strasbourg à la fin du XVlll siècle, ainsi que la lettre "G" indiquant la tessiture de l'instrument. On connaît de ce facteur une clarinette à cinq clefs conservée à Leipzig et trois autres instruments.
La feuille de musique placée contre la clarinette est probablement une œuvre de l'abbé Vogler
(Georg Johann Vogler, (1749-1814),compositeur attaché à Mannheim qui fit un séjour à paris entre 1779 et 1784. ll fut fréquemment joué au concert spirituel. A partir de 1781 plusieurs concertos pour clarinette de sa composition y sont exécutés par Michel Yost. Vogler est aussi l'auteur de variations pour clarinette sur l'air de Matborough. Nous pensons pouvoir identifier sur la feuille du tableau les quatre dernières lettres de ce titre, ainsi que " con Variatione ". L'autre feuille enroulée permet de lire une pièce vocale avec accompagnement de clavier. On déchiffre un "cœur"  et "rends nous ces biens". Enfin une magnifique guitare à cinq chœurs de cordes renvoie fortement par sa morphologie à la taille bien marquée et sa bordure de table qui semble faite de nacre et d'écaille, au travail du luthier  Gérard Deteplanque actif à Lille entre 1760 et 1790 dont plusieurs instruments sont conservés encore aujourd'hui. Une des feuilles de musique paraît destinée à la flûte. 
Très sélective quant aux arts évoqués (la sculpture et [a Musique), cette allégorie semble aussi insister sur la dualité entre "le plaisir de la vie (la  musique) et la souffrance de ceux qui sont sacrifiés (lphigénie et Hercule), tandis que l'urne nous parte de rédemption.
Les arts en constituent-ils l'une des voies ?"
Florence Gétreau

Denis Watel.
Bonjour René,
Intéressante, ta découverte sur le tableau de Lille !
Je regarderai tout cela plus en détail ce week-end, car la clarinette me parait bien courte pour une clarinette en sol (comparée à la mienne de Grundmann qui est datée 1775, à la patte de la flûte et à la taille des guitares de l'époque) à vue de nez, on dirait plutôt un instrument en Ut ou Sib !
En tout cas, peu de répertoire pour clarinette en sol en France  à part le Te Deum de Gossec, et encore, pas sur que les parties ne soient transposées par les musiciens
La clarinette en Sol est déjà dite "fort peu commune dans les orchestres" en 1772 par Louis Joseph Francoeur dans son Diapason général de tous les instruments à vent qui ne la préconise que dans les morceaux sombres ou funestes et qu'il ne faut pas trop la faire travailler (donc surtout des valeurs longues) ce qui ne semble pas être le cas du morceau sur la partition du tableau qui est un trois temps enlevé et qui donc logiquement devait être joué, d'après le même traité, par une clarinette en Ut.

Le basson semble en effet de la facture de Bühner et Keller.

Albert Rice.

Dear Mr. Pierre,
I must disagree with you about the nominal pitch of the clarinet painted by Watteau. It must be a clarinet in C not in G! It is too long to be a high G clarinet and too short to be an alto clarinet in G.
I have attached a photo of the Grundmann G clarinet owned by Denis Watel along with several other of his clarinets. This is a very long instrument that does not resemble the clarinet in Watteau's painting.  The "G" that you point to in the painting is really a "C" very likely a smudge as created the G.

Partie de collection de D.WATEL, dont à gauche
Clarinette en alto en sol de Grundmann.



 
 
 
 
 
 
 
 
 

dimanche 17 mars 2013

Deux cornistes natifs de l'est de la France : J.J. RODOLPHE et F. DUVERNOY.

En consultant le catalogue d'une vente de tableaux et dessins anciens du 21 juin 2010 à Paris, nous découvrons les portraits de deux cornistes français : Jean Joseph RODOLPHE (1730-1812) né à Strasbourg et Frédéric DUVERNOY (1765-1838) né à Montbéliard dans le Doubs.

Portrait de J.J. Rodolphe par BLANCHET (1701-1772)
"Né à Strasbourg et mort à Paris, Jean Joseph RODOLPHE eut une brillante carrière de violoniste, corniste et compositeur durant la seconde moitié du XVIIIiéme siècle. Élève de Jean Marie LECLAIR à Paris, il voyagea dans toute l'Europe, d'abord à Parme en 1754 puis à Stuttgart en 1761, où il devint violoniste de l'orchestre du duc de Würtemberg. Sa rencontre avec Jean Georges NOVERRE, alors maître de ballet du duc donna un nouvel essor à sa carrière ; il composa la musique du ballet Médée et Jason créé en février 1763 et de nombreux autres ouvrages. Quelques années plus tard, RODOLPHE retourna à Paris et en 1765 il est le premier à exécuter un solo avec la technique du "cor à main": la main placée plus ou moins ouverte et profondément dans le pavillon de l'instrument, modifie la couleur et la hauteur de la note. En 1778 il éblouit MOZART en interprétant ses propres oeuvres au Concert spirituel puis à l'académie royale de musique. En 1798 il fut nommé professeur au Conservatoire de Paris".

Madame RODOLPHE par Blanchet.
Le second Frédéric Nicolas DUVERNOY est né à Montbéliard dans le Doubs le 16 octobre 1765 et décédé à Paris le 19 juillet 1838.

Portrait de DUVERNOY de la Bibliothéque de l'opéra.
Autodidacte il est arrivé à Paris à la veille de la révolution en 1788 et devient corniste à la comédie italienne.
Miniature par J.B.J. Augustin de Duvernoy vers 1817.
En 1790 il est membre de l'orchestre de la garde nationale et en 1797 il devient membre de l'orchestre de l'opéra de Paris dont il devient cor solo en 1799.


3 dessins préparatoires à la miniature peinte par Augustin
passés en ventes le 21 juin 2010.
 
En 1801 il est libéré de ses obligations à l'égard de l'orchestre pour se consacrer à son travail de soliste. Il deviendra membre de l'orchestre de la chapelle de l'empereur Napoléon Ier. Ses talents de corniste lui valurent une renommée européenne. Frédéric DUVERNOY a composé de nombreux concerts et musiques de chambre pour son instrument, des concertos pour cor, des symphonies concertantes avec cor. Il a aussi écrit une méthode d'apprentissage du cor qui est largement utilisée encore aujourd'hui. Duvernoy jouait exclusivement avec un cor naturel. Il est décédé à Paris en 1838.
Première page de la méthode de DUVERNOY.
Terminons en musique : Cliquez pour écouter Nocturne pour Harpe et cor de Duvernoy.