jeudi 20 novembre 2014

Jean Chrétien ROTH (1816-1881). Facteur de tous les instruments à vent à Strasbourg.

Jean Chrétien ROTH (1816-1881).  
                       Facteur de tous les instruments à vent à Strasbourg.                       
                                  Successeur de DOBNER et Co et de BÜHNER et KELLER.                              
René PIERRE
Nous vous proposons dans cet article de mieux connaitre un facteur strasbourgeois, de tous les instruments à vent qui occupa la scène alsacienne pendant plus de 40 ans.
Marque vers 1843.

Jean Chrétien ROTH est né le 24 janvier 1816 dans la banlieue de Strasbourg, à Schiltigheim. Son père Jean Chrétien ROTH (1789-1856), tourneur était arrivé à Strasbourg vers 1810, venant de Tribourg dans le grand-duché de Hesse où il était né ; il avait épousé Dorothée RHEIN la fille d’un boulanger de Schiltigheim.
Jean Chrétien Roth fils avait plusieurs frères et sœurs, dont deux frères tourneurs eux aussi : Jean Georges ROTH né le 14 juin 1819 à Schiltigheim, qui épousera Dorothée Caroline RHEIN de Schiltigheim et Jacques ROTH né le 28 mars 1823 à Schiltigheim. Les trois frères ont été formés par leur père et ont peut-être travaillé pour Bühner et Keller ou pour la veuve Dobner.
En 1840, Jean Chrétien ROTH fils s’installa au 15 place Kléber, comme facteur d’instruments et épousa Caroline RHEIN le 20 août 1842 à Strasbourg.
Marques utilisées de 1850 à 1870.




















Vers 1843, il reprit la Maison Dobner, que tenait la veuve de Joseph DOBNERMarie Thérèse MÜLLER (1768-1849), au  9 place Kléber (place d’Armes).  « Chrétien Roth, successeur de Dobner et Co. Fournit tous instruments pour musique militaire. » (1)  Il devait à cette époque travailler avec son frère Jacques ROTH qui était aussi facteur d’instruments.  
Remarques : On peut lire régulièrement dans les articles concernant « Roth à Strasbourg » (Langwill) que Chrétien Roth « père » aurait créé la Maison …..Ce n’est pas exact. Seul Jean Chrétien Roth (1816-1881) fils a créé et dirigé la société. Il est souvent question également dans certaines publications de « Charles ROTH ». Le seul Charles Roth de cette famille était le frère de Jean Chrétien Roth fils né en 1825 qui sera clerc de notaire.
Signature de Jean Chrétien ROTH.
Jean Chrétien ROTH eut 7 enfants dont deux moururent en bas âge ; son fils Jean Chrétien Charles Erwin, sourd et muet, décéda à 17 ans. J.C. Roth était aussi un virtuose de la clarinette et fonda l’harmonie militaire de Strasbourg en 1846 ; il était membre de la loge de Strasbourg des  Frères Réunis. 

Clarinette 13 clés portant la marque de 1843
 « Roth/Successeur/Dobner/A Strasbourg ». (Collection RP)
« ….Il se présenta à l’exposition de 1844 et reçut une médaille de bronze pour une trompette placée au premier rang et un alto au troisième. Puis il adapta aux instruments de cuivre un mécanisme transpositeur à coulisse mobile (1852 et 1856). En 1855, Roth fit une flûte descendant au sol et une clarinette basse, dont aucun trou n’était directement bouché par les doigts, qu’il présenta à l’exposition avec un cornet clarino (cornet et bugle duplex), un cornet omnitonique à cylindre et à coulisses et des clarinettes en cuivres (médaille de 2° classe) ». (2)   

Carte postale représentant
le magasin Ch. Roth en 1868, 
  « anciennes Maisons Dobner
 et Bühner et Keller ». 























En 1846 Jean Chrétien ROTH demanda à A. SAX une licence, ainsi que le droit de commercialiser des instruments dépendant du brevet SAX.
Vers 1848, il reprit la Maison BÜHNER et KELLER, qui était passée dans la famille FINCK en 1844, à la mort de Jean BÜHNER.
Clarinette Si b à 6 clés, portant la marque « classique » vers 1855.
 (Collection RP).

En 1852, Jean Chrétien ROTH, écrit un petit document : « Les Musiques Militaires en France. De leur réforme, au point de vue de l’amélioration du sort des musiciens et de leur perfectionnement dans les limites des crédits du Budget »Chez Silbermann, 24 pages. Se trouve chez l’auteur, facteur d’instruments, 18 place Kléber, à Strasbourg. «  Dirigeant depuis 12 ans, avec un succès progressif, une fabrication importante d’instruments à vents dont les produits sont partagés entre la France et l’Allemagne….. »
Jean Chrétien ROTH y cherchait à promouvoir la situation professionnelle des  musiciens de musique militaire et proposait dans ce but la création d’un avancement qui les motiverait dans leur carrière, la propriété privée d’instruments plus performants, une formation différente de celle du « Gymnase Parisien », la création d’écoles dans cinq grandes villes, entre autres projets.

Clarinette Si b à 13 clés, portant la marque
 « classique » vers 1855. (Collection W. Rousselet).
En Mars 1852 il demanda un brevet d’invention de 15 ans, pour « un mécanisme transpositeur applicable aux instruments à vent en cuivre ».
La description du brevet décrit un « clairon chromatique en Si bémol munie du mécanisme transpositeur », qui comporte 3 pistons de jeu et 4 pistons transpositeurs (le premier baisse d’un demi-ton, le second d’un ton, le troisième d’un ton et demi, le quatrième de deux tons).
« Cette application permet de jouer dans tous les tons, sans ôter les lèvres de l’embouchure et sans avoir plus d’un accident à la clé ».
Système de pistons du mécanisme 
Transpositeur du brevet 
de 15 ans de mars 1852. (Inpi Paris)



















En 1856, Jean Chrétien ROTH et Jacques ROTH furent témoins au mariage d’Achille GALLICE, facteur d’instruments à vent en cuivre, successeur de KRETZSCHMANN. On peut donc penser qu’Achille GALLICE aurait travaillé pour ROTH.
Flûte à 8 clés avec une patte de Ré typique de C. Roth (R. Charbit)

Cette même année, en 1856, Jacques ROTH, frère de Jean Chrétien ROTH qui avait débuté sa carrière en étant facteur d’instruments de musique, était installé comme tourneur et marchand de pipes, au 3 place Kléber, avec sa famille et ses parents.

Les magasin et ateliers de la Maison ROTH étaient situés de 1844 à 1867 au 18 place Kléber, à Strasbourg, et plus tard rue de la Grange.

Hautbois à 11 clés. (Collection RP)
Cor anglais courbe en bois recouvert de cuir. (W. Petit)
Nicolas Eugène SIMOUTRE (1834-1908), luthier de Metz et de Paris a travaillé chez Ch. ROTH en 1856. (2)

En 1873, J.C. Roth s’associa à Julius Max BÜRGER, mais malade, il dut se retirer du monde musical  en 1876.  A sa mort, le 4 octobre 1881, J.M. BÜRGER prit sa succession.

Marque vers 1880.

Bibliographie :

    (1) : Almanach du Commerce de Paris, de la France et des pays par Sébastien Bottin.
   (2) : Constant Pierre. Les facteurs d’instruments de musique. Paris 1893.