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samedi 25 septembre 2010

Les frères EDELMANN, musicien et facteur de pianos de Strasbourg, guillotinés en 1794.

Geoffroy Louis (Gottfried Ludwig) EDELMANN est né et a été baptisé le 24 janvier 1753 à Saint Thomas à Strasbourg. Il est le fils de Caspar Samuel EDELMANN, menuisier et de Marie Salomé STORR. Son frère Jean Frédéric EDELMANNN né le 6 mai 1749 à Strasbourg, musicien compositeur et claveciniste est plus connu.
Commençons par l'aîné de la famille : Jean Frédéric (Johann Friedrich) EDELMANN. Il suit sa scolarité au lycée de Strasbourg, avec son ami et protecteur Philippe Frédéric de DIETRICH, futur maire de Strasbourg. Ils étudient ensemble le droit à l'Université de Strasbourg. Il gagne Paris vers 1774, où il se fait connaître comme compositeur, claveciniste et professeur de musique. Il habite rue de la Feuillade puis déménage au 27 rue du Temple. Ses compositions plaisent et sa célébrité dépasse les frontières. Ainsi en 1777, MOZART écrit : "J'ai joué des fantaisies et de jolies pièces d'un certain EDELMANN". Vers 1778, la vie musicale d'EDELMANN connaît un tournant. Le célèbre musicien GLÜCK, devant quitter Paris pour Vienne lui confie son élève Etienne MEHUL. Il lui enseignera la maîtrise du clavecin et la composition. Un autre élève de J.F EDELMANN, Louis ADAM, deviendra un professeur réputé au conservatoire National de Paris. Il compose entre 1775 et 1786, 6 sonates pour clavier, 4 opéras, des symphonies et des concertos pour pianoforte et cordes.

Un exemple de la musique de J.F. EDELMANN ci dessous sur You tube.

 

Il retourne à Strasbourg en 1789, où il devient administrateur du Bas Rhin, alors que P.F. DIETRICH est élu maire de Strasbourg en 1790. A la demande du maire J. F. EDELMANN compose un hymne pour la fête de la Fédération en 1790 qui fut à Strasbourg un succés populaire.
Mais revenons au frère, organiste et facteur de pianoforte, Geoffroy Louis Edelmann. Il avait épousé le 2 février 1778 à Strasbourg Marie Elisabeth WEILER (1759-1838), fille d'un marchand boucher de Strasbourg, Abraham WEILER. Visiblement le couple ne s'entendait pas puisqu'ils vivaient séparés dés 1783. D'ailleurs G.L. EDELMANN avait eu une fille , Sophie EDELMANN née le 19 avril 1791 à Strasbourg dont la mère était Marie Anne HELLFRICH, une jeune allemande, dont il eu un deuxième enfant, Jonathan EDELMANN né le 6 octobre 1793 à Strasbourg.
Quelques mois auparavant, le 17 mars 1793, Marie Elisabeth WEILER et Geoffroy Louis EDELMANN divorcent à la demande de l'épouse. Il semble que G.L. EDELMANN n'a pas épousé Marie Anne HELLFRICH, puisqu'au décès de Marie Elisabeth WEILER à 79 ans, le 4 novembre 1838, remariée à Joseph MILTENBERGER, elle est déclarée "Veuve EDELMANN" et cela malgré le divorce.(2)
DIETRICH et EDELMANN, ainsi que son frère Louis sont membres des amis de la constitution. Les frères EDELMANN adhéraient complètement aux idées révolutionnaires de liberté et égalité.
C'est dans le salon de DIETRICH au printemps 1792, qu'est créé le "Chant de guerre pour l'armée du Rhin" (Dédié au maréchal LUCKNER) par ROUGET de LISLE et qui deviendra la Marseillaise. On ne connaît pas l'auteur de la musique, mais J.F. EDELMANN pourrait en être l'auteur. (1)

Rouget de Lisle, interprétant la Marseillaise
 dans le salon de Dietrich, accompagné par
Madame Dietrich. (Tableau de Pils de 1849)
Quant à J.F. EDELMANN il avait épousé, à 44 ans, le 18 juin 1793 à Strasbourg, Claudine Marcelline CAIRE, 27 ans fille de Marcellin CAIRE, négociant à Strasbourg. Les frères Edelmann avaient une soeur, Marguerite Salomé EDELMANN, née vers 1748 et qui avait épousé Joseph SCHUMANN. Elle avait publiée en 1787 une sonate pour clavecin. Après l'arrestation du Roi à Varennes le 21 juin 1791, les EDELMANN sont partisans de la république (Jacobins), tandis que DIETRICH est favorable à une monarchie constitutionnelle (Feuillant). Le 22 septembre 1792, la royauté est aboli et la république est proclamée. DIETRICH opposé à la république est arrêté, jugé, et acquitté à Besançon, mais conduit à Paris, il est exécuté le 27 décembre 1793.

Portrait de Dietrich.
 J.F. EDELMANN devenu en 1792, président du club des Jacobins de Strasbourg, est bientôt débordé et mis en accusation par les éléments Jacobins extrémistes de Strasbourg et de Paris. Considérés comme suspects, les deux EDELMANN sont arrêtés comme espions, relachés pendant quelques jours, puis envoyés à la Conciergerie de Paris. Aprés un procés sommaire signé FOUQUIER TINVILLE, ils sont condamnés à mort.
Les deux frères sont guillotinés à la barrière du Trône le 17 juillet 1794, 7 mois après DIETRICH et 8 jours avant la chute de ROBESPIERRE. Dans le même convoi de condamnés, il y avait les 16 carmélites de Compiégne, tous inhumés dans les fosses communes du cimetière de Picpus.
J.F. EDELMANN a eu deux fils : Marcellin EDELMANN né le 22 mars 1794 à Strasbourg et Jean Frédéric EDELMANN né le 17 février 1795 à Strasbourg, sept mois après la mort de son père. J.F. EDELMANN fils, après avoir obtenu son prix du Conservatoire de Paris, s'expatria à Cuba où il fut un pianiste célèbre. Il y créa une maison d'édition.
(1) Sylvie Pécot-Douatte : "A la recherche d'Edelmann, le musicien guillotiné", Ed. L'Harmattan, collection Univers musical, 2003.
(2) Jean Claude Battault. "Les facteurs de pianoforte des provinces de France, 1760 - 1820." Musique/Images/Instruments. N°11.
Archives départementales du Bas Rhin. Strasbourg.
http://etat-civil.bas-rhin.fr/adeloch/index.php

lundi 13 septembre 2010

Jean Finck (1783 - 1858) facteur d'instruments de musique en cuivre à Strasbourg.

Tout d'abord nous voudrions remercier chaleureusement, Jean Finck de Strasbourg, descendant direct de notre facteur, qui nous a aimablement transmis ces portraits et une grande partie de la généalogie de la famille Finck.
Jean Finck (1783 - 1858)

Jean FINCK est né le 14 février 1783 à Strasbourg. Il est le fils de Jean Théodore FINCK (1753-1823) marchand de bas et bonnetier et de Marie Madeleine KOCH (1752-1805). Son grand père paternel Johan Jacob FINCK (1721-1764) était originaire de Lahr dans l'état de Bade. Ses parents divorcent le 31 janvier1793.
 Marie Madeleine BÜHNER (1791-1843)
 
Il épouse le 28 mai 1808 à Strasbourg, Marie Madeleine BÜHNER, née le 9 mai 1791 à Strasbourg, fille du célèbre Gabriel Sébastien BÜHNER (1756-1816) facteur d'instruments de la Maison "BÜHNER et KELLER" et de Marie Madeleine KELLER (1768-1834). A son mariage il se déclare "Tourneur" et Jean KELLER IV, facteur d'instruments est témoin. Ils auront 9 enfants, dont trois décéderont en bas âge. Parmi les six restant, tous nés à Strasbourg cinq garçons dont quatre seront facteurs d'instruments. La plupart de ses enfants sont nés N° 80 Grand'Rue. Le premier fils, facteur d'instruments est Jean FINCK fils né le 13 mai 1809. Il épouse le 10 avril 1830 à Strasbourg Caroline Frédérique LIPP (1799-1858). Ils auront six enfants.
Le second Charles FINCK est né le 17 juillet 1818 et épouse le 29 mai 1855 à Strasbourg sa nièce Caroline Frédérique FINCK, née le 17 octobre 1728 à Strasbourg, fille de son frère Jean FINCK fils. Frédéric FINCK né le 22 février 1821, troisième fils de Jean FINCK sera lui aussi facteur d'instruments. Il épouse le 22 juin 1854 à Strasbourg Salomé MÜLLER (1826- ?) et auront sept enfants. Il abandonnera la facture instrumentale en 1858, pour rentrer au "chemin de fer". Auguste FINCK, dernier fils facteur d'instruments est né le 4 août 1823. Il épousera Louise BAUMHAUER (1824 - 1902). Ils auront trois enfants dont Louise FINCK (1849 - 1933), qui cédera l'atelier FINCK pour ouvrir une blanchisserie.
Jean FINCK père se déclare "Tourneur" de 1807 à 1817, date à partir de laquelle il se déclare facteur d'instruments de musique. Le 23 juillet 1834, son beau frère Jean BÜHNER (1797-1844) vend sa part de la maison du 69 rue du Vieux Marché aux Vins (siége de la Maison BÜHNER et KELLER) à sa soeur Marie Madeleine BÜHNER épouse de Jean FINCK père.

Cornet à trois palettes et sept tons. (Collection R. CHARBIT)
On peut supposer que Jean KELLER IV, oncle et associé de Jean BÜHNER dans la Maison BÜHNER et KELLER étant décédé le 18 juin 1833, c'est Jean FINCK père qui c'est associé avec son beau frère Jean BÜHNER. D'ailleurs à la mort de Jean BÜHNER, le 12 mai 1844, c'est Charles FINCK qui prit la succession de la Maison BÜHNER et KELLER au N° 66 rue du Vieux Marché aux Vins. En 1844 jean FINCK père participe à l'exposition de Paris et présente plusieurs instruments. C'est sans doute à cette occasion qu'il assiste à une répétition chez Adolphe SAX : ".....J'ai pris la liberté d'assister à la répétition qui a eu lieu chez vous samedi dernier, où j'ai entendu une grande partie de vos instruments....." C'est à la suite de cette audition qu'il écrit le 14 octobre 1844 à A. SAX une lettre enthousiaste et qu'il obtiendra une licence pour la commercialisation de ses instruments. " Je m'empresse de vous exprimer mes sincères félicitations pour les perfectionnements et inventions que vous avez réalisés dans la construction de ces instruments...." "Je déclare, Monsieur que je pense ce que j'avance et la preuve, c'est que vous pouvez faire de la présente ce que bon vous semble."
 Clavicor à 3 palettes. (Collection René PIERRE)
 1858 est une année terrible pour la famille FINCK. C'est tout d'abord Auguste FINCK, facteur d'instruments qui décède de "Phtisie" à 34 ans le 12 février. Puis l'épouse de Jean FINCK fils, Caroline LIPP qui décède à 58 ans d'épilepsie le 6 mars. Et enfin le décès du fondateur, Jean FINCK père à 78 ans, le 19 mai, d'un cancer de la vessie. Frédéric Finck perd sa petite fille Eugénie de 4 mois le 4 août et quitte la facture instrumentale pour rentrer au chemin de fer comme chauffeur.