Nous avons eu la chance dans notre travail de recherche, de tomber sur ce petit document de 97 pages, édité en 1820 à Strasbourg, dans lequel Jean Daniel Holtzapffel (1770-1843) publie ses mémoires. Ce sont des mémoires peu ou pas connues et qui présentent à notre avis et de l'avis des personnes à qui nous les avons présentées, un grand intérêt puisque qu'elles racontent l'histoire d'un jeune tourneur de Strasbourg qui progressivement, dans son "tour de France" passe d'un statut de tourneur, au métier de facteur d'instruments de musique à vent. Malheureusement ce document n'est que la première partie de sa vie et s'arrête à son mariage en 1801.
Peut être existe t il une deuxième partie, mais pour le moment, elle n'est pas connue.
Nous vous proposons donc de communiquer dans ce blog, sous forme d'épisodes successifs, les passages les plus intéressants.
Et dans un second temps, lorsque nous aurons terminé le travail sur ce facteur, nous proposerons à ceux qui sont intéressés et qui nous le demanderons la totalité du document.
Premier épisode : Qui est Jean Daniel Holtzapffel ?
1770 : Naissance le 8 février à Strasbourg de Jean Daniel Holtzapffel. Il est le fils de Jean Jacques Holtzapffel, tourneur à Strasbourg et de Anna Madeleine Schlatter. Il est le troisième d’une famille de 9 enfants (5 garçons et quatre filles). Deux des quatre sœurs sont décédées en bas âge et un des frères est décédé dans l’armée en Hollande.
"Mon père m’a souvent dit que j’étais né au moment où Marie Antoinette, fille de l’empereur d’Allemagne, passait à Strasbourg, pour aller à Paris, devenir l’épouse de Louis XVI, roi de France. A cette époque on donna un grand feu d’artifice, pour lequel mon père eut beaucoup à travailler, et le mémoire lui en fut soldé le jour même de mon baptême".
Sur les quatre frères, trois furent tourneurs. Le frère aîné Jean Jacques Holtzapffel (1768-1835) quitta en 1792 Strasbourg pour Londres où il créa la célèbre Maison Holtzapffel and Co n° 64 Charing Cross London, célèbre pour la fabrication de machines, de tours, d’outils. Son frère cadet Théophile (Gottfried) Holtzapffel (1777-1845) restera à Strasbourg et créera une "fabrique de jouets d'enfants et de commerce de bagueterie, 25 rue de la maroquinerie".
" Mon pére apprit son état de tourneur à ses cinq garçons. Dés que l’un avait fini son apprentissage, il partait pour voyager et faisait ainsi place à un frère plus jeune, de manière que la boutique était toujours occupée. Notre pére nous disait souvent, lorsque nous étions encore tous réunis à sa table, qu’il était sur que dés que l’un de nous l’aurait quitté il ne nous reverrait plus jamais ensemble. En effet, ce pressentiment s’est réalisé, mon frère de Londres et moi nous ne sommes, à notre grand regret, pas retourné à Strasbourg, du vivant de nos parents ; les événements de la révolution française en ont principalement été la cause".
" Nos parents ont eu peu de fortune, mais ils étaient d’une probité qui ne s’est jamais démentie. Mon père ne cessait de nous répéter qu’à défaut de fortune il laisserait à ses enfants un bon exemple à suivre. Ma mère a nourri ses neufs enfants, et souvent elle passait une grande partie de la nuit à raccommoder nos vêtements. Mon père aussi travaillait souvent la nuit pour nous assurer le nécessaire. Malgré une existence aussi dure, jamais je n’ai entendu mes parents se plaindre de leur sort, jamais ils ne se faisaient de reproches ; tout était en commun dans leur ménage, le bien comme le mal ; leur unique désir était de voir un jour leurs enfants plus heureux qu’eux-mêmes, et je puis dire que ce désir a été en grande partie réalisé".
L'apprentissage chez son père.
1780 : À l’âge de 10 ans J.D Holtzapffel commence à travailler dans l’atelier de son père.
" A l’âge de dix ans je commençai à travailler à l’état de mon père, et dès que je fus un peu avancé, j’exécutai différents ouvrages de mon invention.
Un jour je fis une petite maison dans laquelle se trouvait un tour qu’un petit bonhomme faisait aller. Il marchait avec une roue que j’y avais adaptée et que je faisais tourner au moyen de sable que je versais dans la cheminée et qui retombait dans un tiroir ; ensuite je plaçai mon petit chef d’œuvre près de la fenêtre, pour faire arrêter les passants. Mon père vendait des jouets d’enfants pour les étrennes du jour de l’an ; il permit à mon frère et à moi d’en faire pour notre compte, mais pour cela il fallait, au milieu de l’hiver, se lever à quatre heures du matin, car à six heures, nous commencions à travailler pour notre père. Comme il arrivait souvent que nous nous levions trop tard, ce qui nous faisait beaucoup de tort, j’imaginai de faire une horloge en bois avec un réveil, et dès lors nous pûmes nous lever à l’heure que nous voulions ; et comme nous logions sous le toit, près de la chambre des domestiques, ceux-ci nous priaient souvent de les réveiller".
Suite 1 : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2009/04/jean-daniel-holtzapffel-episode-2.html
A suivre........
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire