Ce facteur provincial a été bien étudié, par Georges et Xavier Sallabery dans le numéro Spécial n° XIV du Larigot publié en mars 2003, qui présentent dans ce catalogue une très belle clarinette 6 clés en ébène et bagues ivoire.
Claude Joseph David est né le 22 janvier 1784 à Saint Claude. Il est le fils de Joseph François David luthier à Saint Claude et de Jeanne Pierrette Michaud.
Il se marrie à Saint Claude, le 25 février 1810 avec Marie Françoise Vuillermoz, la fille d'un horloger de Saint Claude.
Ils eurent huit enfants, dont deux survécurent : Charles Joseph Antoine David (° 10 décembre 1810 à Saint Claude) et Joséphine David (° 1813 à Saint Claude). Tous les autres enfants sont nés à Dijon : Jeanne Annette David (° 18 août 1818) décédée à 28 ans, des jumelles Françoise Philiberte et Marie Charlotte (° 12 mars 1821) décédées de "la petite vérole" en 1824, de nouveau des jumeaux (°12 décembre 1825) qui ne vécurent que quelques jours et enfin Charles Joseph Alexandre David (°12 décembre 1828) qui vécut 8 mois.
Donc son arrivée à Dijon se situe entre 1813 et 1818 et on le retrouve en 1836 lors du premier recensement de la ville de Dijon : " Joseph David, luthier vivait avec son épouse Françoise Willermot, son fils Charles (25 ans) célibataire et ses deux filles célibataires, Joséphine (23 ans) et Jeanne (18 ans)".
A noter que dans tous les documents que nous avons consultés, il est toujours précisé comme profession " luthier ". Albert Jacquot, dans son ouvrage : La lutherie Lorraine et Française, le cite comme luthier, à partir d'une étiquette (voir doc. ci dessus) retrouvée dans un violon.
Alors, est il facteur ou luthier ?
Il est difficile de répondre avec certitude, mais il pouvait être les deux. Il y a des arguments pour dire qu'il était "moins luthier".... En effet on ne connait pas d'instruments à cordes fait par lui, ce qui est rare pour un luthier de formation. Lors de la déclaration de naissance de ses premiers jumeaux en mars 1821, l'un des témoins était François Vincent Alba "22 ans, luthier à Dijon". Ce luthier devait travailler dans l'atelier David et s'occuper des réparations et de l'entretien des instruments à cordes.
F.V. Alba était installé à Lyon en 1822, associé à Micollier au n°12 place Confort.
On voit bien dans cet exemple, la difficulté de définir le statut de ces "facteurs de province" qui étaient avant tout marchands, et "généralistes" dans la fourniture d'instruments de toutes sortes (cordes, cuivres, bois, pianos, orgues, édition, abonnements de musique...), et la nécessité d'aborder l'étude de ces sujets en élargissant les recherches, au monde des luthiers, facteurs de pianos et d'orgues. C'est la démarche que nous avons pour rédiger notre dictionnaire.
Son épouse Françoise Vuillermoz décéde le 3 janvier 1850 à Dijon. Et en 1851 Joseph David, luthier veuf, vivait avec son fils Charles (42 ans) luthier célibataire et sa fille Joséphine (38 ans) célibataire sans profession, 93 rue de la Liberté à Dijon.
Le 19 mars 1853, Claude Joseph David, décède à Dijon à l'âge de 70 ans. Le magasin est repris par Joséphine David et "dès lors, plus aucun instrument de musique ne sera fabriqué dans l'atelier de David". (Catalogue Sallabery de 2003)
Et oui curieusement, ce n'est pas le fils aîné qui reprend l'affaire, et pourtant il est cité comme luthier dans les recensements de 1851.
En 1856 Joséphine David (43 ans), marchande de musique 15 rue Condé à Dijon, vivait avec son frère Charles (46 ans) et leur domestique Florine Danrey (20 ans). Cinq ans plus tard, on retrouve les mêmes à la même adresse, mais Florine Danrey est devenue "demoiselle de magasin".
Dix ans plus tard en 1866, rien n'est changé, sauf que Hermine Danrey, soeur de Florine a rejoint le magasin comme "demoiselle de magasin".
Il est a noter que de 1858 à 1872, dans tous les annuaires deux adresses sont indiquées : David, marchand de musique 15 rue Condé, et David, luthier 13 rue Condé à Dijon. Joséphine devait s'occuper de la gestion et de la vente, tandis que Charles, luthier réparait et entretenait les instruments à cordes.
Le magasin est progressivement transmis à partir de 1869 à Florine Danrey (native également de Saint Claude), et changea de nom après 1872 (voir la publicité ci contre datant de 1872), pour devenir : Mademoiselle Danrey, luthier et marchand de musique 15 rue de la Liberté à Dijon. Les annuaires mentionnent de 1873 à 1877 : un David, luthier 13 rue Condé à Dijon, sans doute Charles David qui continua d'exercer une activité de luthier.
Charles Joseph Antoine David, rentier célibataire décède à 84 ans le 21 juillet 1895 à Dijon.
Mademoiselle Danrey exerça jusqu'en 1891.