vendredi 6 mai 2011

Jacques Reine PÂRIS (1795 - 1875) à Dijon inventeur de l'Harmoniphon.

Au début du XIX° siècle, l'inventivité des facteurs et marchands de musique a été importante.
Cela répondait également à une démocratisation de la musique dans la bourgeoisie. Les facteurs de province et en particulier ceux de l'est de la France ont eux aussi été prolixe dans ce domaine.
C'est le cas à Dijon de Jacques Reine PÂRIS et de son invention l'Harmoniphon.Il est né le 27 août 1795 à Dijon ; son père était tapissier dans cette ville. Dés l'âge de six ans il rentra à la Maîtrise de Dijon dirigée alors par un italien célèbre : TRAVISINI. Il y étudia la musique et le solfège avec TRAVISINI, le chant avec BLANDINI, la composition avec BUTON. Il eut comme camarade Pierre Louis DIETSCHE, lui aussi natif de Dijon et qui devint un célèbre compositeur parisien. "DIETSCHE et PÂRIS furent souvent frappés. Il (Travisini) se servait pour corriger ses élèves d'un fouet avec des cordes de contrebasse".
Étiquette d'un Harmoniphon à 27 touches. (ebay 3 2011)
 
Vers 1815, il partit pour Paris, muni d'une lettre de recommandation pour le célèbre CHORON, alors directeur de l'opéra et chef d'une célèbre école de musique. J.R. PÂRIS rentra à l'école Choron comme professeur en même temps qu'il continuait ses études d'harmonie et de contre point au conservatoire de Paris. Il obtint rapidement des premiers prix dans ces domaines.
Deux ans et demi après être arrivé à Paris il devint professeur de solfège, au conservatoire de Paris en remplacement d'HALEVY qui partait pour Rome. C'est à cette époque qu'il épouse Anne FEUCHOT née en 1801 ; c'est également à cette époque qu'il fit paraître "une théorie musicale", mais surtout un ouvrage intitulé "Méthode Jacotot appliquée à l'étude du piano".En 1827, la place de maître de chapelle à la cathédrale de Dijon étant vacante, il rentre à Dijon. Il fit représenter dans sa ville de nombreuses oeuvres dont deux de ses opéras dont il avait fait la musique et les livrets : l'un en 2 actes en 1835 et l'un en trois en 1847.
Harmoniphon, détail de l'entrée d'air soit avec un tube élastique
muni d'une embouchure ou à l'aide d'un soufflet à main.
Dans les années 1830, le gouvernement diminua les sommes allouées aux maîtrises, donc en conséquence les appointements des directeurs. C'est la raison pour laquelle il accepta la place d'organiste de la cathédrale.
Le 19 août 1836 , il obtint un brevet de 5 ans avec Mrs LECROSNIER et TREMBLAÏ, pour un instrument de musique qu'ils nomment Harmoniphon, "ancêtre du mélodica".
A chaque touche du clavier correspond une lame métallique vibrante, qui va donner la note, actionnée par l'air apporté soit par un tube élastique muni d'une embouchure ou par un soufflet actionné à la main. La touche du clavier au repos bloque la lame métallique correspondante et lorsque l'on actionne cette même touche, la lame, libérée va vibrer sous l'action de l'air.

A l'origine de cette invention J.R PÂRIS voulait créer un instrument, remplaçant le hautbois indispensable dans un orchestre : "Une des plus grandes difficultés pour l'exécution des opéras en province est la rareté de certains instruments à vent. Les villes qui ont une garnison trouvent des instrumentistes dans les régiments, mais il y en a que la musique militaire n'admet plus : ce sont les bassons et les hautbois, sans lesquels il n'y a pas d'orchestre possible.
Au départ il proposait l'harmoniphon hautbois, mais à l'exposition de Paris de 1839, il propose de nombreuses améliorations.

"Dans l'origine, M.PÂRIS ne s'était proposé que d'imiter le hautbois; mais il a bientôt compris qu'il manquerait quelque chose à son invention, s'il ne la complétait pas par l'imitation du cor anglais......M. PÂRIS a complètement réussi ; nous dirons même qu'ici l'imitation approche plus encore de l'instrument original. L'Harmoniphon - hautbois et l'Harmoniphon-cor-anglais sont de la même grandeur, et ne différent que dans leur diapason. Un troisième Harmoniphon de plus grande dimension réunit les deux instruments, et embrasse l'étendue de trois octaves". Tout doit concourir à assurer le succès de cet instrument, que l'on trouve à Paris chez Mr. FREY, marchand de musique, place des Victoires, et à Dijon, chez Mr PÂRIS...."

Ci dessous vous avez un des shémas du Brevet de 1836, du mécanisme de l'Harmoniphon Hautbois à 18 touches.
Pour l'agrandir cliquez sur l'image et utilisez la loupe.

C'est dans ces années 1830 qu'il ouvrit un magasin de musique à Dijon rue Saint Philibert. Même si l'Harmoniphon rencontra un succès d'estime et une mention honorable à l'exposition nationale de Paris de 1839, J.R. PÂRIS ajouta bien vite la vente de pianos et d'instruments de musique à son activité.

Dans les années suivantes il devint officier d'académie et membre de l'académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, avant de décédé à 80 ans le 8 novembre 1875 au 11 rue Chabot Charny.

Source : * Gazette Musicale de Paris. N°21 du 26 mai 1839. *Charles Emile Poisot. Essai sur les musiciens bourguignons. Dijon 1854. *Archives départementales de Côte d'Or.

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