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lundi 28 novembre 2011

Les SCHWARTZ à Strasbourg, une famille de luthiers : 1745 - 1907.

Cliquez sur ce lien pour voir notre dictionnaire des luthiers, facteurs et marchand d'instruments de musique de Strasbourg.

 
 
 
 
Signature de Bernard Schwartz.
Bernard (Bernhard) Schwartz, est le fondateur de la famille de luthiers Strasbourgeois. Il est né en 1745 à Scandau (Vieille Suisse). Son père, Bernard Schwartz était menuisier. Il devait déjà habiter en 1764 à Strasbourg, car on retrouve un Bernard Schwartz, musicien, à cette date. En 1780 il est membre de la corporation de Strasbourg. Sur le registre de recensement de l’année 1796, il figure comme luthier, et habite 69 rue de Finkwiller, à Strasbourg. Il avait épousé Marguerite Salomé Euler (1756-1837), la fille d’un brasseur de Strasbourg. Ils ont eu trois enfants dont deux fils, Georges Frédéric et Théophile Guillaume, qui seront luthiers, formés par leur père. Bernard Schwartz est décédé à 77 ans, le 2 avril 1822 au 64 rue de Finckwiller à Strasbourg.

Marques de Bernard Schwartz.
Georges Frédéric Schwartz, est né  le 7 avril 1785 à Strasbourg. Il travaille déjà dans l’atelier de son père, lorsqu’il épouse le 1 juin 1820, Françoise Barbe Gugelmann, la fille d’un apprêteur de tabac de Strasbourg. Mais celle-ci décède très rapidement, le 5 mars 1822, à 27 ans.

Signature de George Frédéric Schwartz.
Cinq mois plus tard, il épouse le 3 août 1822, Sophie Dorothée Bühner (1795-1839), troisième fille de Gabriel Sébastien Bühner (1753-1816) célèbre facteur d’instruments de musique à vent de Strasbourg.

Ce mariage marque la domination de la Maison Bühner et Keller sur la facture d’instruments à Strasbourg à cette époque, comme le prouve les témoins des mariés qui sont tous des acteurs essentiels :
Jean Keller (1778-1833), oncle de la mariée et associé à Jean Bühner (1797-1844), (frère de la mariée), dans la Maison Bühner et Keller, fabricant d’instruments à vent en bois. Jean Finck (1783-1858), qui a épousé la première fille de G.S Bühner, facteur d’instruments à vent en cuivre. Théophile Guillaume Schwartz (1787-1861), luthier frère du marié. Ce couple a eu au moins 9 enfants dont quatre sont mort en bas âge. En 1836 ils habitaient 64 B rue de Finckwiller, à Strasbourg avec leurs enfants : Sophie Schwartz née en 1824, Frédérique Schwartz née en 1826, Louise Schwartz (1827-1910), Charles Frédéric Schwartz né 1834, Georges Frédéric Schwartz (1835-1836).
Associé à son frère à la mort de son père en 1822 dans la Maison : « Frères Schwartz », il s’occupa principalement de la fabrication des archets. (17)

Pour en savoir plus sur : Bühner et Keller, Finck...Cliquez sur ce lien : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2009/06/buhner-et-keller-facteurs-dinstruments.html

....et sur celui-ci : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/09/jean-finck-1783-1858-facteur.html
George Frédéric Schwartz est décédé à 64 ans le 29 décembre 1849. Aucun de ses enfants ne continua dans la lutherie.
Théophile Guillaume Ier Schwartz est né le 13 octobre 1787 à Strasbourg, second fils de Bernard, il fut un excellent luthier, et s’occupa beaucoup de la réparation des instruments à archet. Il construisit une centaine de violons et une trentaine de violoncelles. Il épousa le 13 juin 1812 à Strasbourg, Marie Madeleine Müh, la fille d’un « Baguetier » de Strasbourg. Son fils Théophile Guillaume Schwartz II est né le 3 septembre 1821 au 15 rue de la Fontaine.
Signature de Théophile Guillaume Schwartz 1.
En1836 il habitait au 64 B, rue Finckwiller, à Strasbourg, avec sa famille, et celle de son frère. En 1838, ils habitaient tous à la même adresse, mais Charles Mauliné, luthier s’était joint à eux avec son épouse Séraphine Ott et son fils Guillaume.
Violon vendu à Vichy en décembre 2011
Théophile Guillaume I Schwartz est décédé à 73 ans, le 29 juillet 1861.

Théophile Guillaume II Schwartz, (1821-1906) fils de Théophile Guillaume Ier succéda à son père en 1852 et dirigea la maison jusqu’en 1895. Il avait épousé Frédérique Caroline Meyer le 28 septembre 1844 à Strasbourg. Il a fait partie, comme alto, pendant longtemps, de l’orchestre du théâtre et de la Société des Concerts du Conservatoire de Strasbourg. Il est décédé à 85 ans, le 3 décembre 1906 à Strasbourg.
Son fils Guillaume Schwartz était professeur de violoncelle au Conservatoire de Nancy. (17)
La Maison disparaitra avec la mort de Théophile Guillaume II Schwartz.
Archet de violoncelle vendu à Vichy en 2009
Bibliographie principale : Albert Jacquot " La lutherie Lorraine et Française" chez Minkoff.
                                      Constant Pierre "Les facteurs d'instruments de Musique".
                                       René PIERRE "Dictionnaire évolutif des facteurs, fabricants, luthiers, marchands d'instruments de musique de l'est de la France.

vendredi 18 novembre 2011

A propos d'une clarinette d'Hypolite LEROUX : Faut- il restaurer ou non?

Restaurer ou non un objet acheté ? : un débat récurrent.

José-Daniel TOUROUDE.
Que faites vous quand vous achetez une clarinette comme celle ci ?


Clarinette à 13 clés d' Hypolite Leroux en ébène, baguée ivoire.
Plusieurs points de vue s’opposent parfois vivement entre les collectionneurs pour tous les objets anciens :
En effet il existe plusieurs conceptions que nous pouvons analyser par ordre croissant :
1°) la conception du laisser en état :
On ne touche à rien, on laisse l’instrument dans « son jus » avec ses cicatrices, son état plus ou moins délabré même si elle perd de son esthétique et n’est guère attrayante. Ceci est absolument nécessaire lorsqu’on trouve un instrument rare voire unique qui doit être analysé, montrant ainsi une innovation, un instrument historique. C’est plus douteux quand cette démarche rigoureuse s’applique pour tous les instruments. Certains musicologues et musées ont cette approche. Toute action sur l’instrument est considérée comme un bidouillage.
Si on veut jouer, on fait une copie à l’identique… certains facteurs le font très bien.
2°) la démarche du nettoyage obligatoire :
Il faut démonter, nettoyer a minima le bois et désoxyder les clés métalliques car on ne peut supporter un instrument en mauvais état mais il ne faut rien ajouter : les tampons, les ressorts, les vis, les clés, les bagues, les boules et charnières, les patins, la ficelle…
Tout est remis en place et tant pis si des pièces sont cassées ou manquantes, ce qui importe c’est que la rouille et les saletés sont parties et que l’instrument est propre et présentable tout en restant dans l’état trouvé, même s’il est endommagé.
De nombreux collectionneurs valorisent ainsi leur collection partagé entre la peur de dénaturer ou d’abîmer leur instrument et la fierté de pouvoir l’exposer en vitrine.

La même clarinette nettoyée, avec quatre clés ressoudées.
Marque d'Hypolite LEROUX le jeune,
 par rapport à son frère Jean LEROUX  l'aîné.
3°) l’approche de la remise en état pour une restitution originelle.
Les tenants de cette option vont plus loin et essaie de restituer l’état originel de l’instrument. Tout est démonté et nettoyé et par leur compétence et leurs recherches historiques, ils connaissent parfaitement l’instrument qu’ils démontent. Le bois est ciré ou reverni, les clés deviennent étincelantes, les tâches enlevées, les lièges de tenons refaits…

Les nombreuses pièces sont remplacées si elles sont manquantes en utilisant des pièces de la même époque voire du même facteur : les tampons, les vis et ressorts, les boules, les bagues… voire une clé manquante à chercher ou à ressouder afin de redonner la beauté originelle de l’instrument.
Certains collectionneurs ont investi dans un petit atelier et dans un nombre importants de bouts d’instruments permettant de stocker des pièces pour réaliser cette approche. D’autres ont les moyens de demander à un professionnel cette remise en état minimum.
4°) la conception de la restauration.
Certains vont encore plus loin dans la démarche (liège, tampons, ressorts surtout, bec moderne ou changement de barillet, modification pour avoir un diapason acceptable…
L’instrument doit être impeccable et pour cela si on ne trouve pas les pièces anciennes on remplace par des récentes (tampons, vis, ressorts, lièges, clés, bagues, bec , ligature….) car ce qui importe c’est l’aspect esthétique bien sûr mais aussi que l’instrument fonctionne correctement et puisse jouer.
Parfois il y a des anachronismes que les puristes critiquent (le liège qui remplace la ficelle pour les tenons, ou un ressort moderne pour actionner une clé par exemples) mais c’est pour atteindre l’objectif fixé.
Les collectionneurs musiciens qui veulent des instruments utilisables sont dans cette optique. Mais la restauration est aussi utile pour des instruments très endommagés qui ressemblent à des épaves et qui ressortent peut être avec des emprunts à d’autres instruments, ou avec des pièces neuves mais dans un état esthétiquement acceptable.
La restauration demande une compétence et est la plupart du temps réservée aux professionnels.
Conclusion :
Toutes ces démarches sont valables car elles peuvent varier selon l’état des instruments et l’objectif poursuivi (accumulation d’objets rares, exposition d’objets en vitrine, utilisation des instruments d’époque).
Les discussions sont parfois vives entre ces différentes conceptions car selon la psychologie du collectionneur on a tendance à privilégier une conception et c’est pour quoi nous proposons un petit sondage : choisir une voire deux conceptions qui sous tendent l’entretien de votre collection.
Pour la Leroux qui est une clarinette 13 clés système Müller assez banale, mais dont l’intérêt réside dans l’estampille assez rare d’Hyppolite Leroux de Mirecourt qui va faire l’objet d’un article, la conception choisie a été la restitution (conception 3) voire la restauration (conception n°4).
José-Daniel TOUROUDE.

Pourquoi cette clarinette est intéressante ?

René PIERRE, collectionneur.

Une clarinette "banale" peut être, mais intéressante historiquement.
Tout d'abord, pas si banal, puisqu'elle est en ébène, baguée ivoire et cela n'est pas si courant.
Elle porte la marque d' Hypolite LEROUX jeune, le frère cadet de Jean LEROUX Aîné. Cette marque n'est pas si courante et en plus sur une clarinette.....c'est encore plus rare. Personnellement je n'en connais pas d'autres.
Je ne vais pas de nouveau évoquer l'histoire des Leroux, qui sont passés de La Couture Boussey à Mirecourt, puis à Paris. Si voulez en savoir plus sur l'histoire de cette famille de facteurs, lisez nos articles sur ce blog en cliquant sur les liens suivant :

http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/02/leroux-famille-de-facteurs-de-la.html

http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2008/12/ferry-leroux-remy-genin-les-canards.html

D'ailleurs ce travail nous a permis, en trouvant l'attribution de cette marque : H L / Leroux / Jne / A Paris / H L, à Hypolite LEROUX, de différencier le travail des deux frères.
Cette marque doit se situer après 1846, après la période mirecurtienne (1835 - 1846), de la famille Leroux, puisqu'à Mirecourt les deux frères travaillaient ensemble. A leurs installations à Paris ils étaient indépendants d'où les marques différentes. Et notre clarinette a sans doute été faite vers 1860.
Il est amusant également de comparer, cette clarinette avec cette autre de notre collection signée "A. FERRY/ Breveté" quasiment identique sauf au niveau du bois utilisé pour sa construction (buis), montrant que c'est Hypolite LEROUX, qui continuait d'approvisionner Armand FERRY (1806-1870) après son installation à Paris et non pas seulement REMY-GENIN de Mirecourt.

Corps main droite d'une clarinette 13 clés, marquée Armand FERRY.
Pour en savoir plus sur Armand FERRY : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/05/armand-hyacinthe-ferry-1806-1870.html

.....et sur REMY-GENIN de Mirecout : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/04/georges-felix-remy-fabricant.html


Marque A. FERRY vers 1858.

Forme de clés caractéristique du travail d'Hypolite LEROUX.
Si vous avez des marques identiques ou différentes sur des instruments de votre collection, elles nous intéressent......