Nous n' avons pas trouvé de facteurs d'instruments de musique à vent à Nancy. A coté de ses luthiers célèbres (Jacquot, Médard, Didelin....), des facteurs d'orgues comme Cuvillier, Blési, ......2 facteurs de pianos ce sont illustrés à Nancy : Joseph STAUB et la famille MANGEOT.
Pierre Hyacinthe MANGEOT est né le 3 décembre 1808 à Nancy. Fils d' André MANGEOT ( né à Sivry dans la Meurthe) marchand épicier à Nancy et de Marie Rose CHEULLET.
Après avoir fait son apprentissage dans les premières manufactures de pianos de Paris , il fonde en 1830 une fabrique de pianos à Nancy. La même année, il épouse le 15 décembre à Nancy Jeanne CAYE (19 ans) née le 17 décembre 1810 à Nancy fille de Joseph CAYE, charpentier et de Marguerite NEUBEL. Leur premier fils, Alfred André MANGEOT est né le 2 septembre 1831 à leur domicile du faubourg Saint Georges. Au départ de la société il fabrique des pianos droits de bonne qualité. Dès 1833, il obtient une médaille d'argent à l'exposition de Nancy, suivie d'une médaille d'or en 1838 toujours à l'exposition de Nancy.
Son second fils Edouard Joseph MANGEOT est né le 24 avril 1835 au nouveau domicile de la rue des Dominicains. A partir de 1840, la clientèle commençant à s'élargir, il débute la fabrication de pianos à queue, ce qui lui permet d'obtenir une nouvelle médaille d'or à l'exposition de Nancy de 1843. Un de ses principaux collaborateurs devait être Jean BRULARD, facteur de pianos né en 1807 à Forbach (57), puisque P. H. MANGEOT était témoin, le 6 septembre 1838 à son mariage avec Jeanne Adéle REITZ (26 ans) repasseuse née à Toul. Marie Jeanne MANGEOT, fille de P. H. MANGEOT est née le 8 avril 1845 à Nancy 9 rue de la Constitution. P.H. MANGEOT participe à la première exposition universelle de Paris en 1855.
Alfred MANGEOT épouse en 1858 Amélie DELARUE (23 ans) née à Vieux Thann en Alsace ; ils ont une fille Jeanne née en 1859 et continuent de vivre avec l'ensemble de la famille Mangeot au 9 rue de la Constitution. En 1859 P. H. MANGEOT laisse son affaire à ces deux fils, Alfred et Edouard MANGEOT qui vont donner à l'entreprise un nouvel élan. Ils utilisent dans l'atelier de la rue de la Constitution une machine à vapeur et de nouveaux outillages qui vont permettre de fabriquer tout ce qui est nécessaire à la confection de leurs pianos : caisse, clavier, mécanique, filage des cordes.....En 1867, ils comptaient 60 ouvriers et produisaient 360 pianos dont une bonne partie était exportée, notamment en Australie où la solidité et la sonorité de leurs instruments étaient très appréciées.
Ils présentent à l'exposition de Londres en 1862 : "un piano à cordes obliques d'une charmante sonorité, lequel était muni d'un système de contre tirage opposant une résistance convenable à la tension des cordes". (Constant PIERRE)
Cette même année Pierre Hyacinthe MANGEOT père décède à Nancy le 14 juin.
La Société devient "MANGEOT Frères ".
Participant à la seconde Exposition Universelle de Paris de 1867, ils sont frappés par la qualité et la sonorité des pianos américains des frères STEINWAY (STEINWEG) présentés dans cette exposition et demandent et obtiennent le titre de concessionnaire pour la France de la fabrication des pianos à queue et droits d'après les modèles américains. Edouard MANGEOT a voulu étudier sur place cette fabrication toute spéciale et il est parti pour New York.
Le piano droit présenté ci dessus est un des premiers échanges entre Steinway et Mangeot. Il correspond au numéro 14561, piano vendu aux frères Mangeot le 8 janvier 1868 qui le confièrent aux frères GUERET à Paris spécialisés dans la fabrication des meubles sculptés. Il est réalisé en érable et citronnier et a été vendu chez Maître Anaf en 2006. En 1868 le 7 février Edouard Joseph Mangeot (32 ans) épouse Léa Marie Jeanne Christine LAPOULLE (21 ans) née à Commercy dans la Meuse. Et l'on retrouve en 1876 toute la famille au grand complet 9 rue de la Constitution à Nancy : Alfred MANGEOT (45 ans), son épouse Christine Delarue (40 ans) et leurs quatre enfants Jeanne (17 ans), Lucien (13 ans), Marthe (11 ans), Marguerite (5 ans) ; Edouard Joseph MANGEOT (41 ans), son épouse Marie Jeanne Lapoulle (30 ans) et leurs quatre enfants Madeleine (7 ans), Pierre (5 ans), Auguste (3 ans), Jérémy (2 ans) ; et Jeanne CAYE (65 ans) la mére et la soeur Marie Jeanne MANGEOT (31 ans) célibataire.
L' année 1878 est pour les Fréres MANGEOT l' année de la consécration. Elle débute par leurs participations à la troisiéme Exposition Universelle de Paris, où Auguste MAJORELLE célébre artiste le l' Ecole de Nancy présenta ce formidable piano.
Le décor de ce piano est réalisé en peinture laquée à la maniére des frères Martin et se compose de motifs mêlant les références chinoises (chiens de Fô des pieds) et japonaises (femmes en kimono). Il est signé au dessus du clavier : " Pianos Franco-Américains/Mangeot Frères et Cie/Décoré/par/Majorelle/Nancy".
Ce piano est visible à Nancy, au Musée de l' Ecole de Nancy.
Mais plus important pour les Frères MANGEOT au cours de cette exposition, c'est la présentation d'un piano à deux claviers renversés qui fut
" LA " curiosité du salon et qui leur permit d'obtenir une médaille d'or. Cet instrument spectaculaire réunit deux pianos à queue superposés de façon à ce que la corde la plus grave du premier se trouve vis à vis de la plus aiguë du second.
Marque du piano de Majorelle |
Si voulez voir à quoi ressemble cet instrument cliquer sur ce lien du Musée des instruments de musique de Bruxelles, où vous pouvez voir l'exemplaire (des six fabriqués) qui appartenait à celui qui en devint le champion : le jeune pianiste Jules ZAREBSKI alors professeur à Bruxelles.
http://books.google.fr/books?id=D-Rdx8IWbxUC&pg=PA22&dq=Mangeot+pianos+Bruxelles&lr=&ei=Zr9gS_TINYLmzAS4i_CLCQ&cd=19#v=onepage&q=Mangeot%20pianos%20Bruxelles&f=true
L'idée de cet instrument appartient au pianiste J. WIENAWSKI professeur au Conservatoire royal de Bruxelles. L'année 1878 se termina le 7 décembre en apothéose à Nancy par le mariage de Jeanne Amélie Stéphanie MANGEOT, fille aînée d' Alfred MANGEOT, avec Louis Lucien COMETTANT (25 ans) né à New York en 1853, représentant de la société MANGEOT Fréres fils du célébre homme de lettres Oscar COMETTANT.
Charles GOUNOD est témoin et fait jouer pour la cérémonie à la cathédrale de Nancy son célébre Avé Maria et son beau cantique : "le ciel a visité la terre" qui rencontrent un grand succés.
Il est temps pour la famille Mangeot de rejoindre la capitale. Ils quittent Nancy vers 1880 pour rejoindre Paris et s'installent : 334 rue Saint Honoré. Leur aventure parisienne sera de courte durée avec la mort, tout d'abord d 'Alfred Mangeot (58 ans) le 29 avril 1889 suivi dans les années 1890 d'Edouard Mangeot. La societé Mangeot n'existait plus en 1900.
Bibliographie :
1) Constant Pierre : les facteurs d'instruments de Musique.
2) Le Musée de l'école de Nancy : oeuvres choisies.
3) Oscar Comettant : La Musique, les Musiciens et les instruments de musique chez les différents peuples du monde.
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