lundi 16 mai 2011

Louis Georges WARNECK (1784-1848) de Nancy inventeur de la guitare-basson.

Dans notre article sur les MANGEOT, facteurs de pianos à Nancy, nous évoquions cette particularité de la capitale lorraine d'avoir eux au XIX° siècle, deux grandes manufactures de pianos : MANGEOT et STAUB. L'une, les MANGEOT d'origine lorraine, l'autre d'origine germanique, STAUB qui attirera à Nancy un grand nombre d'ébénistes, de menuisiers, de facteurs d'instruments, d'origine allemande qui donneront à Nancy ce dynamisme dans la facture de pianos.http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010_01_01_archive.html
C'est Joseph STEZLE (1767-1836) et Louis Georges WARNECK, qui sont à l'origine de l'implantation de la facture de pianos à Nancy.
Nous vous proposons aujourd'hui d'évoquer : Louis Georges WARNECK (ou WÄRNECKE) est né le 14 juin 1784 à Lüneburg en Hanovre. Il était le fils de Jean Georges Warneck. Il arriva à Nancy en 1808 et dès le 22 mai 1809, il épousa Marguerite MORIS (1787-1814) née à Luxembourg. Ses témoins était Joseph STEZLE, facteur d'orgue et de pianos, et également luthier, organiste à Saint Sébastien depuis 1803, chez qui G.L. WARNECK travaillait et Jean HENRION (26 ans) facteur de Forté piano. (peut être de la famille de H. HENRION de Grosbliederstroff en Moselle, dont on connaît un piano).
Cette union est de courte durée car Marguerite MORIS décéde le 15 mars 1814 à Nancy. Joseph STELZE est de nouveau témoin. G.L. WARNECK épouse le 12 avril 1815 Barbe FLORENTIN de Rosiéres aux Salines. Ils auront six enfants : Nicolas WARNECK né le 13 mars 1815 et qui sera pianiste et professeur de musique, François Eugéne WARNECK né le 15 mars 1818, qui sera aussi professeur et qui travaillera pour la manufacture "STAUB-WARNECK", François Alexandre WARNECK né le 18 janvier 1820, qui sera associé à son père jusqu'à la mort de ce dernier ("WARNECK père et fils, marchand de pianos, 49 place de la Carrière), et qui sera également musicien, Hortence Anne Eugénie WARNECK, née le 19 juillet 1824 et qui épousera le 10 mars 1845 Jean Joseph STAUB (1813-1891), facteur de pianos qui travaillait avec G.L. WARNECK. C'est lui qui développera la manufacture STAUB tout au long du XIX° siècle.

Viennent ensuite, Anne WARNECK (1827-1835) décédée à l'âge de 8 ans et François Gabriel WARNECK né le 25 juin 1830 et qui aura un rôle actif dans la manufacture.

Marque d'une guitare. (Dictionnaire des luthiers : Vannes)Le 24 février 1826, Louis Georges WARNECK obtient un brevet d'invention de 5 ans, pour une guitare-basson.".....pour imiter sur la guitare les effets du basson, même avec plus de naturel que sur aucun autre instrument, on adapte à la guitare ordinaire trois clefs prés du chevalet ; ces clefs pouvant se toucher sans aucune gêne avec le petit doigt qui se trouve placé sur cet endroit de la table, leur jeu en est rendu bien facile dès les premiers exercices.



Description et schéma du brevet de la guitare basson de 1826. (Source INPI)

Pour obtenir l'effet du tambourin sur la guitare-basson, à l'instant où les quatre doigts pincent les cordes, le petit doigt presse en mesure la clef 1 du tambourin, et l'on entend le son avec timbre produit par un mécanisme placé dans l'intérieur de l'instrument. Si l'on veut imiter le piano, on presse avec le même petit doigt la clef 2 qui fait glisser tout prés des cordes les petits boutons 4 garnis de buffle ; alors on entend des sons doux, harmonieux et réglés.
En prenant, avec le même petit doigt, la troisième clef 3, on fait soulever et rapprocher des quatre cordes de basse la petite console mobile 5, et on entend les sons du basson, qui sont parfaitement rendus, sans aucun embarras pour l'exécutant".En 1827 il obtient une médaille d'honneur à l'exposition nationale de Paris et expose 2 violons, un violoncelle et un alto. A l'exposition nationale de Paris de 1834, il expose des basses et des violons.
A partir de 1845, il est associé à son fils, François Alexandre WARNECK (1820-1887), qui a terminé son apprentissage à Besançon et qui c'est marié :" WARNECK père et fils, marchand de pianos, 49 place de la Carrière à Nancy". Ils seront associés, jusqu'au décés de Georges Louis WARNECK qui interviendra le 10 mars 1845.
A partir de cette date la société devient " STAUB-WARNECK" dirigée par Jean Joseph STAUB, associé aux enfants WARNECK, en particulier François Gabriel WARNECK. Mais ceci est une autre histoire.
Source : * Dictionnaire des Luthiers de Vannes. *I.N.PI, rue de Saint Pétersburg à Paris. *Archives Municipales de Nancy. * Archives départementales de Meurthe et Moselle.

Si vous souhaitez plus de détails sur la facture de pianos à Nancy, nous vous conseillons l'article de Jean-Marc STUSSI :

http://www.musimem.com/nancy_facteurs.htm













vendredi 6 mai 2011

Jacques Reine PÂRIS (1795 - 1875) à Dijon inventeur de l'Harmoniphon.

Au début du XIX° siècle, l'inventivité des facteurs et marchands de musique a été importante.
Cela répondait également à une démocratisation de la musique dans la bourgeoisie. Les facteurs de province et en particulier ceux de l'est de la France ont eux aussi été prolixe dans ce domaine.
C'est le cas à Dijon de Jacques Reine PÂRIS et de son invention l'Harmoniphon.Il est né le 27 août 1795 à Dijon ; son père était tapissier dans cette ville. Dés l'âge de six ans il rentra à la Maîtrise de Dijon dirigée alors par un italien célèbre : TRAVISINI. Il y étudia la musique et le solfège avec TRAVISINI, le chant avec BLANDINI, la composition avec BUTON. Il eut comme camarade Pierre Louis DIETSCHE, lui aussi natif de Dijon et qui devint un célèbre compositeur parisien. "DIETSCHE et PÂRIS furent souvent frappés. Il (Travisini) se servait pour corriger ses élèves d'un fouet avec des cordes de contrebasse".
Étiquette d'un Harmoniphon à 27 touches. (ebay 3 2011)
 
Vers 1815, il partit pour Paris, muni d'une lettre de recommandation pour le célèbre CHORON, alors directeur de l'opéra et chef d'une célèbre école de musique. J.R. PÂRIS rentra à l'école Choron comme professeur en même temps qu'il continuait ses études d'harmonie et de contre point au conservatoire de Paris. Il obtint rapidement des premiers prix dans ces domaines.
Deux ans et demi après être arrivé à Paris il devint professeur de solfège, au conservatoire de Paris en remplacement d'HALEVY qui partait pour Rome. C'est à cette époque qu'il épouse Anne FEUCHOT née en 1801 ; c'est également à cette époque qu'il fit paraître "une théorie musicale", mais surtout un ouvrage intitulé "Méthode Jacotot appliquée à l'étude du piano".En 1827, la place de maître de chapelle à la cathédrale de Dijon étant vacante, il rentre à Dijon. Il fit représenter dans sa ville de nombreuses oeuvres dont deux de ses opéras dont il avait fait la musique et les livrets : l'un en 2 actes en 1835 et l'un en trois en 1847.
Harmoniphon, détail de l'entrée d'air soit avec un tube élastique
muni d'une embouchure ou à l'aide d'un soufflet à main.
Dans les années 1830, le gouvernement diminua les sommes allouées aux maîtrises, donc en conséquence les appointements des directeurs. C'est la raison pour laquelle il accepta la place d'organiste de la cathédrale.
Le 19 août 1836 , il obtint un brevet de 5 ans avec Mrs LECROSNIER et TREMBLAÏ, pour un instrument de musique qu'ils nomment Harmoniphon, "ancêtre du mélodica".
A chaque touche du clavier correspond une lame métallique vibrante, qui va donner la note, actionnée par l'air apporté soit par un tube élastique muni d'une embouchure ou par un soufflet actionné à la main. La touche du clavier au repos bloque la lame métallique correspondante et lorsque l'on actionne cette même touche, la lame, libérée va vibrer sous l'action de l'air.

A l'origine de cette invention J.R PÂRIS voulait créer un instrument, remplaçant le hautbois indispensable dans un orchestre : "Une des plus grandes difficultés pour l'exécution des opéras en province est la rareté de certains instruments à vent. Les villes qui ont une garnison trouvent des instrumentistes dans les régiments, mais il y en a que la musique militaire n'admet plus : ce sont les bassons et les hautbois, sans lesquels il n'y a pas d'orchestre possible.
Au départ il proposait l'harmoniphon hautbois, mais à l'exposition de Paris de 1839, il propose de nombreuses améliorations.

"Dans l'origine, M.PÂRIS ne s'était proposé que d'imiter le hautbois; mais il a bientôt compris qu'il manquerait quelque chose à son invention, s'il ne la complétait pas par l'imitation du cor anglais......M. PÂRIS a complètement réussi ; nous dirons même qu'ici l'imitation approche plus encore de l'instrument original. L'Harmoniphon - hautbois et l'Harmoniphon-cor-anglais sont de la même grandeur, et ne différent que dans leur diapason. Un troisième Harmoniphon de plus grande dimension réunit les deux instruments, et embrasse l'étendue de trois octaves". Tout doit concourir à assurer le succès de cet instrument, que l'on trouve à Paris chez Mr. FREY, marchand de musique, place des Victoires, et à Dijon, chez Mr PÂRIS...."

Ci dessous vous avez un des shémas du Brevet de 1836, du mécanisme de l'Harmoniphon Hautbois à 18 touches.
Pour l'agrandir cliquez sur l'image et utilisez la loupe.

C'est dans ces années 1830 qu'il ouvrit un magasin de musique à Dijon rue Saint Philibert. Même si l'Harmoniphon rencontra un succès d'estime et une mention honorable à l'exposition nationale de Paris de 1839, J.R. PÂRIS ajouta bien vite la vente de pianos et d'instruments de musique à son activité.

Dans les années suivantes il devint officier d'académie et membre de l'académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, avant de décédé à 80 ans le 8 novembre 1875 au 11 rue Chabot Charny.

Source : * Gazette Musicale de Paris. N°21 du 26 mai 1839. *Charles Emile Poisot. Essai sur les musiciens bourguignons. Dijon 1854. *Archives départementales de Côte d'Or.