lundi 28 novembre 2011

Les SCHWARTZ à Strasbourg, une famille de luthiers : 1745 - 1907.

Cliquez sur ce lien pour voir notre dictionnaire des luthiers, facteurs et marchand d'instruments de musique de Strasbourg.

 
 
 
 
Signature de Bernard Schwartz.
Bernard (Bernhard) Schwartz, est le fondateur de la famille de luthiers Strasbourgeois. Il est né en 1745 à Scandau (Vieille Suisse). Son père, Bernard Schwartz était menuisier. Il devait déjà habiter en 1764 à Strasbourg, car on retrouve un Bernard Schwartz, musicien, à cette date. En 1780 il est membre de la corporation de Strasbourg. Sur le registre de recensement de l’année 1796, il figure comme luthier, et habite 69 rue de Finkwiller, à Strasbourg. Il avait épousé Marguerite Salomé Euler (1756-1837), la fille d’un brasseur de Strasbourg. Ils ont eu trois enfants dont deux fils, Georges Frédéric et Théophile Guillaume, qui seront luthiers, formés par leur père. Bernard Schwartz est décédé à 77 ans, le 2 avril 1822 au 64 rue de Finckwiller à Strasbourg.

Marques de Bernard Schwartz.
Georges Frédéric Schwartz, est né  le 7 avril 1785 à Strasbourg. Il travaille déjà dans l’atelier de son père, lorsqu’il épouse le 1 juin 1820, Françoise Barbe Gugelmann, la fille d’un apprêteur de tabac de Strasbourg. Mais celle-ci décède très rapidement, le 5 mars 1822, à 27 ans.

Signature de George Frédéric Schwartz.
Cinq mois plus tard, il épouse le 3 août 1822, Sophie Dorothée Bühner (1795-1839), troisième fille de Gabriel Sébastien Bühner (1753-1816) célèbre facteur d’instruments de musique à vent de Strasbourg.

Ce mariage marque la domination de la Maison Bühner et Keller sur la facture d’instruments à Strasbourg à cette époque, comme le prouve les témoins des mariés qui sont tous des acteurs essentiels :
Jean Keller (1778-1833), oncle de la mariée et associé à Jean Bühner (1797-1844), (frère de la mariée), dans la Maison Bühner et Keller, fabricant d’instruments à vent en bois. Jean Finck (1783-1858), qui a épousé la première fille de G.S Bühner, facteur d’instruments à vent en cuivre. Théophile Guillaume Schwartz (1787-1861), luthier frère du marié. Ce couple a eu au moins 9 enfants dont quatre sont mort en bas âge. En 1836 ils habitaient 64 B rue de Finckwiller, à Strasbourg avec leurs enfants : Sophie Schwartz née en 1824, Frédérique Schwartz née en 1826, Louise Schwartz (1827-1910), Charles Frédéric Schwartz né 1834, Georges Frédéric Schwartz (1835-1836).
Associé à son frère à la mort de son père en 1822 dans la Maison : « Frères Schwartz », il s’occupa principalement de la fabrication des archets. (17)

Pour en savoir plus sur : Bühner et Keller, Finck...Cliquez sur ce lien : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2009/06/buhner-et-keller-facteurs-dinstruments.html

....et sur celui-ci : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/09/jean-finck-1783-1858-facteur.html
George Frédéric Schwartz est décédé à 64 ans le 29 décembre 1849. Aucun de ses enfants ne continua dans la lutherie.
Théophile Guillaume Ier Schwartz est né le 13 octobre 1787 à Strasbourg, second fils de Bernard, il fut un excellent luthier, et s’occupa beaucoup de la réparation des instruments à archet. Il construisit une centaine de violons et une trentaine de violoncelles. Il épousa le 13 juin 1812 à Strasbourg, Marie Madeleine Müh, la fille d’un « Baguetier » de Strasbourg. Son fils Théophile Guillaume Schwartz II est né le 3 septembre 1821 au 15 rue de la Fontaine.
Signature de Théophile Guillaume Schwartz 1.
En1836 il habitait au 64 B, rue Finckwiller, à Strasbourg, avec sa famille, et celle de son frère. En 1838, ils habitaient tous à la même adresse, mais Charles Mauliné, luthier s’était joint à eux avec son épouse Séraphine Ott et son fils Guillaume.
Violon vendu à Vichy en décembre 2011
Théophile Guillaume I Schwartz est décédé à 73 ans, le 29 juillet 1861.

Théophile Guillaume II Schwartz, (1821-1906) fils de Théophile Guillaume Ier succéda à son père en 1852 et dirigea la maison jusqu’en 1895. Il avait épousé Frédérique Caroline Meyer le 28 septembre 1844 à Strasbourg. Il a fait partie, comme alto, pendant longtemps, de l’orchestre du théâtre et de la Société des Concerts du Conservatoire de Strasbourg. Il est décédé à 85 ans, le 3 décembre 1906 à Strasbourg.
Son fils Guillaume Schwartz était professeur de violoncelle au Conservatoire de Nancy. (17)
La Maison disparaitra avec la mort de Théophile Guillaume II Schwartz.
Archet de violoncelle vendu à Vichy en 2009
Bibliographie principale : Albert Jacquot " La lutherie Lorraine et Française" chez Minkoff.
                                      Constant Pierre "Les facteurs d'instruments de Musique".
                                       René PIERRE "Dictionnaire évolutif des facteurs, fabricants, luthiers, marchands d'instruments de musique de l'est de la France.

vendredi 18 novembre 2011

A propos d'une clarinette d'Hypolite LEROUX : Faut- il restaurer ou non?

Restaurer ou non un objet acheté ? : un débat récurrent.

José-Daniel TOUROUDE.
Que faites vous quand vous achetez une clarinette comme celle ci ?


Clarinette à 13 clés d' Hypolite Leroux en ébène, baguée ivoire.
Plusieurs points de vue s’opposent parfois vivement entre les collectionneurs pour tous les objets anciens :
En effet il existe plusieurs conceptions que nous pouvons analyser par ordre croissant :
1°) la conception du laisser en état :
On ne touche à rien, on laisse l’instrument dans « son jus » avec ses cicatrices, son état plus ou moins délabré même si elle perd de son esthétique et n’est guère attrayante. Ceci est absolument nécessaire lorsqu’on trouve un instrument rare voire unique qui doit être analysé, montrant ainsi une innovation, un instrument historique. C’est plus douteux quand cette démarche rigoureuse s’applique pour tous les instruments. Certains musicologues et musées ont cette approche. Toute action sur l’instrument est considérée comme un bidouillage.
Si on veut jouer, on fait une copie à l’identique… certains facteurs le font très bien.
2°) la démarche du nettoyage obligatoire :
Il faut démonter, nettoyer a minima le bois et désoxyder les clés métalliques car on ne peut supporter un instrument en mauvais état mais il ne faut rien ajouter : les tampons, les ressorts, les vis, les clés, les bagues, les boules et charnières, les patins, la ficelle…
Tout est remis en place et tant pis si des pièces sont cassées ou manquantes, ce qui importe c’est que la rouille et les saletés sont parties et que l’instrument est propre et présentable tout en restant dans l’état trouvé, même s’il est endommagé.
De nombreux collectionneurs valorisent ainsi leur collection partagé entre la peur de dénaturer ou d’abîmer leur instrument et la fierté de pouvoir l’exposer en vitrine.

La même clarinette nettoyée, avec quatre clés ressoudées.
Marque d'Hypolite LEROUX le jeune,
 par rapport à son frère Jean LEROUX  l'aîné.
3°) l’approche de la remise en état pour une restitution originelle.
Les tenants de cette option vont plus loin et essaie de restituer l’état originel de l’instrument. Tout est démonté et nettoyé et par leur compétence et leurs recherches historiques, ils connaissent parfaitement l’instrument qu’ils démontent. Le bois est ciré ou reverni, les clés deviennent étincelantes, les tâches enlevées, les lièges de tenons refaits…

Les nombreuses pièces sont remplacées si elles sont manquantes en utilisant des pièces de la même époque voire du même facteur : les tampons, les vis et ressorts, les boules, les bagues… voire une clé manquante à chercher ou à ressouder afin de redonner la beauté originelle de l’instrument.
Certains collectionneurs ont investi dans un petit atelier et dans un nombre importants de bouts d’instruments permettant de stocker des pièces pour réaliser cette approche. D’autres ont les moyens de demander à un professionnel cette remise en état minimum.
4°) la conception de la restauration.
Certains vont encore plus loin dans la démarche (liège, tampons, ressorts surtout, bec moderne ou changement de barillet, modification pour avoir un diapason acceptable…
L’instrument doit être impeccable et pour cela si on ne trouve pas les pièces anciennes on remplace par des récentes (tampons, vis, ressorts, lièges, clés, bagues, bec , ligature….) car ce qui importe c’est l’aspect esthétique bien sûr mais aussi que l’instrument fonctionne correctement et puisse jouer.
Parfois il y a des anachronismes que les puristes critiquent (le liège qui remplace la ficelle pour les tenons, ou un ressort moderne pour actionner une clé par exemples) mais c’est pour atteindre l’objectif fixé.
Les collectionneurs musiciens qui veulent des instruments utilisables sont dans cette optique. Mais la restauration est aussi utile pour des instruments très endommagés qui ressemblent à des épaves et qui ressortent peut être avec des emprunts à d’autres instruments, ou avec des pièces neuves mais dans un état esthétiquement acceptable.
La restauration demande une compétence et est la plupart du temps réservée aux professionnels.
Conclusion :
Toutes ces démarches sont valables car elles peuvent varier selon l’état des instruments et l’objectif poursuivi (accumulation d’objets rares, exposition d’objets en vitrine, utilisation des instruments d’époque).
Les discussions sont parfois vives entre ces différentes conceptions car selon la psychologie du collectionneur on a tendance à privilégier une conception et c’est pour quoi nous proposons un petit sondage : choisir une voire deux conceptions qui sous tendent l’entretien de votre collection.
Pour la Leroux qui est une clarinette 13 clés système Müller assez banale, mais dont l’intérêt réside dans l’estampille assez rare d’Hyppolite Leroux de Mirecourt qui va faire l’objet d’un article, la conception choisie a été la restitution (conception 3) voire la restauration (conception n°4).
José-Daniel TOUROUDE.

Pourquoi cette clarinette est intéressante ?

René PIERRE, collectionneur.

Une clarinette "banale" peut être, mais intéressante historiquement.
Tout d'abord, pas si banal, puisqu'elle est en ébène, baguée ivoire et cela n'est pas si courant.
Elle porte la marque d' Hypolite LEROUX jeune, le frère cadet de Jean LEROUX Aîné. Cette marque n'est pas si courante et en plus sur une clarinette.....c'est encore plus rare. Personnellement je n'en connais pas d'autres.
Je ne vais pas de nouveau évoquer l'histoire des Leroux, qui sont passés de La Couture Boussey à Mirecourt, puis à Paris. Si voulez en savoir plus sur l'histoire de cette famille de facteurs, lisez nos articles sur ce blog en cliquant sur les liens suivant :

http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/02/leroux-famille-de-facteurs-de-la.html

http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2008/12/ferry-leroux-remy-genin-les-canards.html

D'ailleurs ce travail nous a permis, en trouvant l'attribution de cette marque : H L / Leroux / Jne / A Paris / H L, à Hypolite LEROUX, de différencier le travail des deux frères.
Cette marque doit se situer après 1846, après la période mirecurtienne (1835 - 1846), de la famille Leroux, puisqu'à Mirecourt les deux frères travaillaient ensemble. A leurs installations à Paris ils étaient indépendants d'où les marques différentes. Et notre clarinette a sans doute été faite vers 1860.
Il est amusant également de comparer, cette clarinette avec cette autre de notre collection signée "A. FERRY/ Breveté" quasiment identique sauf au niveau du bois utilisé pour sa construction (buis), montrant que c'est Hypolite LEROUX, qui continuait d'approvisionner Armand FERRY (1806-1870) après son installation à Paris et non pas seulement REMY-GENIN de Mirecourt.

Corps main droite d'une clarinette 13 clés, marquée Armand FERRY.
Pour en savoir plus sur Armand FERRY : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/05/armand-hyacinthe-ferry-1806-1870.html

.....et sur REMY-GENIN de Mirecout : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/04/georges-felix-remy-fabricant.html


Marque A. FERRY vers 1858.

Forme de clés caractéristique du travail d'Hypolite LEROUX.
Si vous avez des marques identiques ou différentes sur des instruments de votre collection, elles nous intéressent......

lundi 10 octobre 2011

Deux facteurs de pianoforte strasbourgeois méconnus : J.C. LOEGEL (1776 - 1824) et A.T SCHOTT (1798 - 1836).

 
Un article parut dans " Musique, Images, Instruments" N° 11, en 2009, écrit par Jean Claude BATTAULT et consacré " Aux facteurs de pianoforte de provinces de France, 1760 - 1820". Cette article souligne l'importance de la facture de province.....de l'est et de l'Alsace en particulier.  A travers un inventaire très détaillé des instruments, de leurs caractéristiques, il décrit chaque instruments...Quant aux facteurs de pianoforte, J. C. BATTAULT souligne le fait qu'ils sont peu connus.

Dans le cadre de notre travail sur les facteurs, marchands d'instruments de musique de l'est de la France, nous avons étudiés ces facteurs. Ce blog et les articles consacrés aux facteurs de pianoforte de l'est de la France, permettra de compléter, cet excellent article.

Nous avons déjà publié dans ce blog l'histoire d'un facteur strasbourgeois évoqué dans l'article de J.C BATTAULT :  Geoffroy Louis EDELMANN (1753 - 1794)....cliquez sur le lien pour en savoir plus http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/search/label/Edelmann

Aujourd'hui nous voudrions évoquer Jean Chrétien LOEGEL  et son élève Antoine Thiébault SCHOTT.
Jean Chrétien LOEGEL est né le 13 mai 1776 à Strasbourg.

Signature de Jean Chrétien LOEGEL.
Signature de Philippe Jacques LOEGEL et de Conrad SAUER.
Son père Philippe Jacques LOEGEL, fils d'un pasteur de Landau, était né en 1751 à Niederbronn dans le Bas Rhin. Il était lui aussi facteur de pianoforte.

Henri Guillaume LOEGEL;
J.C. LOEGEL épouse le 4 juin 1805 Guillomette KUNTZ, née le 2 mai 1784 à Strasbourg ; son frère Henri Guillaume LOEGEL né en 1781, lui aussi facteur de pianoforte, est témoin. A noter que le père Philippe Jacques LOEGEL n'assiste pas au mariage car il exerce le métier de facteur de pianoforte à Paris.

Ils auront trois enfants : Guillomette LOEGEL née en 1806, et deux garçon né en 1808 et 1810 mais décédés en bas âge. Il est intéressant de noter qu'à chaque naissance le grand père, Philippe Jacques LOEGEL est témoin, assisté en 1810 d'un " voisin Conrad SAUER 36 ans facteur d'orgues".

Il s'agit bien entendu de Jean Conrad SAUER (1775 - 1828), fils de Conrad SAUER (1735-1802) successeur des SILBERMANN à Strasbourg, tous Sauer et Loegel installés au Finkwiller à Strasbourg et qui devaient travailler ensemble.

Jean Chrétien Loegel décède à 35 ans le 11 mars 1812 des suites de fièvres, une année après son épouse Guillomette Kuntz décédée à 26 ans le 19 février 1811.

Son père Philippe Jacques Loegel décède à 73 ans le 15 septembre 1824 à Strasbourg au n° 34 quai des Bateliers. Un des témoins est Jean WAFFNER, Maître de clavecins.



Deux instruments de Loegel sont décris dans l'article de J.C. Battault. Le premier de 1808 est un pianoforte carré  " ....muni d'une mécanique à simple pilote et possède une étendue de 61 notes...". Le second de 1812 appartient  au musée des Beaux Arts de Strasbourg. Il est " ...a double pilote et possède une étendue de 6 octaves...".

Physharmonica viennois.
Antoine Thiébaud SCHOTT est né à Rothau dans le Bas Rhin le 15 janvier 1798. Il est le fils d’Antoine Thiébaud SCHOTT (1767-1839), jardinier et de Marguerite Salomé PERSSE (1759-1825). Il épouse Caroline BRAUNWALD (1800- ) le 29 mars 1828, fille d’un teinturier de Strasbourg.


A son mariage il était facteur de pianos et il avait du faire son apprentissage dans l’atelier des Loegel, puisque le musée des Arts décoratifs de Strasbourg possède un pianoforte dont la table comporte la mention « Schott élève de Loegel ». (156)

Ce piano est en "acajou de style restauration portant 4 pédales, pourrait être daté de 1820. L'étendue est identique à celui de 1812 signé Loegel, en revanche il est à simple échappement type Petzold..."

Ils ont eu 4 enfants tous mort en bas âges : Charles Thiébaud Albert SCHOTT (1829-1834), Caroline Emilie SCHOTT (1830-1838), Edouard Eugène SCHOTT (1832-1834), Gustave Adolphe SCHOTT (1832-1834). Ils habitaient 39, quai des Bateliers, à Strasbourg a coté de l'atelier des Loegel.
Associé à Jean Gustave GRUCKER (1794 - 1871), libraire spécialisé en musique, à Strasbourg, il obtient le 23 avril 1830 un brevet d’importation et de perfectionnements pour un instrument, voisin de l’harmonium, le Physharmonica, instrument inventé en Autriche en 1818 par Anton Haeckl.
Ils appartenaient tous deux à la même lôge.
Antoine Thiébaud SCHOTT est décédé le 20 décembre 1836 à Strasbourg. Il avait 38 ans.


Signatures de Jean Gustave GRUCKER  et de A.T SCHOTT sur le brevet de 1830.

vendredi 30 septembre 2011

Quelques anecdotes sur des facteurs d'instruments de musique.

Lorsque nous travaillons sur les facteurs d'instruments et à travers les archives, il nous arrive de trouver des détails qui permettent de mieux connaître la personnalité de ces facteurs et donc d'essayer de cerner leurs personnalités. Nous discutons assez régulièrement avec mon ami J. D. T. collectionneur de clarinettes anciennes et restaurateur amateur d'instruments, sur la finalité d'une collection. Son but est de redonner une vie à des instruments anciens ; personnellement je vois plus la finalité d'une collection comme le témoignage (avec des instruments restaurés) du travail d'un facteur et de sa passion.
Quand pensez-vous ? Participez à notre sondage sur le but d'une collection d'instruments de musique.
  1. Première anecdote, elle concerne Jean LEROUX aîné (1795-1864), facteur d'instruments de musique à vent, qui après avoir travaillé avec son frère Hyppolite LEROUX à La Couture, s'était installé à la demande de A. H. FERRY à Mirecourt de 1835 à 1845 et s'était ensuite installé à Paris.
Marque de Jean LEROUX- La Couture, Mirecourt, Paris.
Lors du décès de Marie Madeleine LOREE, son épouse le 23 mars 1863, Jean LEROUX l'aîné et Frédéric LEROUX, le fils......la signature du père sur l'acte est un peu différente ?.........et oui il y a ajouté une flûte....un corps de clarinette?.....Curieuse attitude dans un moment tragique?......ou était il déjà ailleurs.....puisqu'il décédera l'année suivante, à 64 ans à l'Hôtel Dieu, le 24 juillet 1864.

Si vous voulez en savoir plus sur cette famille de facteurs : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010_02_01_archive.html

Remarque d'un "lecteur compétent"....et "casse ma petite histoire poétique" :
" la signature avec une marque ressemblant à une flûte ou une clarinette, bah ....... ce n'est pas un instrument ! C'est une marque que l'on trouve chez beaucoup de notables de la première moitié du 19e siècle. Ce n'est pas systématiquement une marque concernant des francs-maçons (certains le sont, d'autres non) mais plutôt une substitution du grand paraphe final des signatures des 17e et  18e (les SSS en fin de signature signifiant "subscripsi" = j'ai signé, les 3 points remplaçant les 3 S). D'ailleurs, on trouve ces deux barres avec parfois aussi 4 voire 5 points ... Une mode pour marquer son appartenance à une classe de lettrés ? Ce sujet a déjà été évoqué dans plusieurs publications généalogiques"....
 Et oui...c'est l'avantage d'un blog, on peut corriger tout de suite....Merci à notre lecteur....Mais Jean LEROUX, m'est déjà moins sympa...

La seconde concerne Sébastien ERARD, célèbre facteur de pianos né à Strasbourg le 5 avril 1752.
 
Au décès de celui ci en 1831, dans l'inventaire on trouve : " dans la cave 110 demi-bouteilles de vin de grenache, 240 du même. 240 de vin de Bordeaux rouge ordinaire, 102 de vin muscat rouge tournant à l'aigre. 30 bouteilles de vin blanc de Pouilly, 240 de vin de grenache, 60 de vin vieux de Bourgogne passé, 36 de vin muscat rouge tournant à l'aigre. 250 de vin rouge de Porto, 30 de vin blanc de Frontignan. 204 de vin rouge ordinaire Bourgogne, 155 de vin blanc du Rhône, 30 de vin rouge du Roussillon....etc......"
Sébastien Erard (1752-1831)
 Dans une lettre du 8 juin 1791 à M. PARIN, professeur de musique à Dijon, Sébastien ERARD après lui avoir mentionné le prix de ses pianos....lui demande une faveur : " Comme vous avez toute la confiance en moi pour le choix des pianos, j'ai celle en vous pour le choix du vin que vous me proposez. Envoyé moi du bon, cependant qu'il ne soit pas de la première qualité , attendu je crois qu'il est trop cher ; je ne doute pas que vous me servirez en ami ". 
Alors ? Sébastien ERARD échangeait il des pianos contre du vin....

La troisième concerne Joseph DOBNER (1732-1822) marchand d'instruments de musique à vent à Strasbourg. Sans doute marchand mercier à Strasbourg avant 1795, il s'associe au facteur suisse Georg Caspar FELKLIN (1773 - 1842), lors de son passage à Strasbourg de 1795 à 1805, d'ou la marque  " Dobner et Felklin à Strasbourg", puis après son remariage il vend les instruments de musique de différents facteurs jusqu'à sa mort en 1822, sa veuve Marie Thérése DOBNER (1769 - 1849) continue l'activité avec un ouvrier facteur Jean David REINHARD, sous la marque "Dobner et Consort".

Marque DOBNER et CONSORT (1810-1845)
Marque DOBNER et FELKLIN (1795 - 1805)
Si vous voulez en savoir plus sur cette Maison : http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2011/03/une-association-franco-suisse.html

Et l'anecdote ? Lors du décès de sa première épouse Marie Anne DESFONTAINES (1732 - 1793), Jos. DOBNER à préciser à l'employé municipal le lieu de naissance de sa femme : "Charville prés de Nancy" et ce dernier à retranscrit tel qu'on lui disait ce qui nous permet d'"entendre" l'accent alsacien de Jos. DOBNER;
Car la ville prés de Nancy est .....Jarville.

Extrait de l'acte de décès.

jeudi 22 septembre 2011

Ecoutez le son d'une clarinette BÜHNER et KELLER de Strasbourg.


Ange trompettiste annonçant le jugement dernier.
(Église de Saint Thégonnec dans le Finistère)

Quel plaisir d'entendre le son d'un bel instrument.....même si c'est une très belle "reproduction" actuelle de l'atelier Schwenk et Seggelke de Bamberg.
Cliquez sur ce lien pour écouter ce court extrait : http://www.schwenk-und-seggelke.de/infopopups/klarinetteninfo_buehnerkeller.html

Si vous ne connaissez pas ces facteurs actuels, voilà leur site : http://www.schwenk-und-seggelke.de/infopopups/klarinetteninfo_buehnerkeller.html

mardi 13 septembre 2011

Le piano à double claviers des frères MANGEOT en vedette dans " La boite à musique " de Jean François ZYGEL.

Les frères MANGEOT célèbres facteurs de pianos de Nancy, ont eu les honneurs de l'émission de télévision, " La boite à musique " de Jean François ZYGEL, qui a fait une démonstration très intéressante du piano à double claviers renversés, qui avait obtenu la médaille d'or à l'exposition universelle de Paris en 1878.
Si vous savez comment se procurer cet extrait, merci de me l'expliquer. Pour en savoir plus sur ces facteurs, reportez vous à notre article communiqué dans ce blog :
http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010/01/mangeot-nancy-facteurs-de-pianos-1830.html

Nous avons trouvé sur youtube, cette démonstration d'un grand piano Mangeot-Steinway:
http://www.youtube.com/watch?v=BUq3KzSa3ZQ




lundi 16 mai 2011

Louis Georges WARNECK (1784-1848) de Nancy inventeur de la guitare-basson.

Dans notre article sur les MANGEOT, facteurs de pianos à Nancy, nous évoquions cette particularité de la capitale lorraine d'avoir eux au XIX° siècle, deux grandes manufactures de pianos : MANGEOT et STAUB. L'une, les MANGEOT d'origine lorraine, l'autre d'origine germanique, STAUB qui attirera à Nancy un grand nombre d'ébénistes, de menuisiers, de facteurs d'instruments, d'origine allemande qui donneront à Nancy ce dynamisme dans la facture de pianos.http://facteursetmarchandsdemusique.blogspot.com/2010_01_01_archive.html
C'est Joseph STEZLE (1767-1836) et Louis Georges WARNECK, qui sont à l'origine de l'implantation de la facture de pianos à Nancy.
Nous vous proposons aujourd'hui d'évoquer : Louis Georges WARNECK (ou WÄRNECKE) est né le 14 juin 1784 à Lüneburg en Hanovre. Il était le fils de Jean Georges Warneck. Il arriva à Nancy en 1808 et dès le 22 mai 1809, il épousa Marguerite MORIS (1787-1814) née à Luxembourg. Ses témoins était Joseph STEZLE, facteur d'orgue et de pianos, et également luthier, organiste à Saint Sébastien depuis 1803, chez qui G.L. WARNECK travaillait et Jean HENRION (26 ans) facteur de Forté piano. (peut être de la famille de H. HENRION de Grosbliederstroff en Moselle, dont on connaît un piano).
Cette union est de courte durée car Marguerite MORIS décéde le 15 mars 1814 à Nancy. Joseph STELZE est de nouveau témoin. G.L. WARNECK épouse le 12 avril 1815 Barbe FLORENTIN de Rosiéres aux Salines. Ils auront six enfants : Nicolas WARNECK né le 13 mars 1815 et qui sera pianiste et professeur de musique, François Eugéne WARNECK né le 15 mars 1818, qui sera aussi professeur et qui travaillera pour la manufacture "STAUB-WARNECK", François Alexandre WARNECK né le 18 janvier 1820, qui sera associé à son père jusqu'à la mort de ce dernier ("WARNECK père et fils, marchand de pianos, 49 place de la Carrière), et qui sera également musicien, Hortence Anne Eugénie WARNECK, née le 19 juillet 1824 et qui épousera le 10 mars 1845 Jean Joseph STAUB (1813-1891), facteur de pianos qui travaillait avec G.L. WARNECK. C'est lui qui développera la manufacture STAUB tout au long du XIX° siècle.

Viennent ensuite, Anne WARNECK (1827-1835) décédée à l'âge de 8 ans et François Gabriel WARNECK né le 25 juin 1830 et qui aura un rôle actif dans la manufacture.

Marque d'une guitare. (Dictionnaire des luthiers : Vannes)Le 24 février 1826, Louis Georges WARNECK obtient un brevet d'invention de 5 ans, pour une guitare-basson.".....pour imiter sur la guitare les effets du basson, même avec plus de naturel que sur aucun autre instrument, on adapte à la guitare ordinaire trois clefs prés du chevalet ; ces clefs pouvant se toucher sans aucune gêne avec le petit doigt qui se trouve placé sur cet endroit de la table, leur jeu en est rendu bien facile dès les premiers exercices.



Description et schéma du brevet de la guitare basson de 1826. (Source INPI)

Pour obtenir l'effet du tambourin sur la guitare-basson, à l'instant où les quatre doigts pincent les cordes, le petit doigt presse en mesure la clef 1 du tambourin, et l'on entend le son avec timbre produit par un mécanisme placé dans l'intérieur de l'instrument. Si l'on veut imiter le piano, on presse avec le même petit doigt la clef 2 qui fait glisser tout prés des cordes les petits boutons 4 garnis de buffle ; alors on entend des sons doux, harmonieux et réglés.
En prenant, avec le même petit doigt, la troisième clef 3, on fait soulever et rapprocher des quatre cordes de basse la petite console mobile 5, et on entend les sons du basson, qui sont parfaitement rendus, sans aucun embarras pour l'exécutant".En 1827 il obtient une médaille d'honneur à l'exposition nationale de Paris et expose 2 violons, un violoncelle et un alto. A l'exposition nationale de Paris de 1834, il expose des basses et des violons.
A partir de 1845, il est associé à son fils, François Alexandre WARNECK (1820-1887), qui a terminé son apprentissage à Besançon et qui c'est marié :" WARNECK père et fils, marchand de pianos, 49 place de la Carrière à Nancy". Ils seront associés, jusqu'au décés de Georges Louis WARNECK qui interviendra le 10 mars 1845.
A partir de cette date la société devient " STAUB-WARNECK" dirigée par Jean Joseph STAUB, associé aux enfants WARNECK, en particulier François Gabriel WARNECK. Mais ceci est une autre histoire.
Source : * Dictionnaire des Luthiers de Vannes. *I.N.PI, rue de Saint Pétersburg à Paris. *Archives Municipales de Nancy. * Archives départementales de Meurthe et Moselle.

Si vous souhaitez plus de détails sur la facture de pianos à Nancy, nous vous conseillons l'article de Jean-Marc STUSSI :

http://www.musimem.com/nancy_facteurs.htm













vendredi 6 mai 2011

Jacques Reine PÂRIS (1795 - 1875) à Dijon inventeur de l'Harmoniphon.

Au début du XIX° siècle, l'inventivité des facteurs et marchands de musique a été importante.
Cela répondait également à une démocratisation de la musique dans la bourgeoisie. Les facteurs de province et en particulier ceux de l'est de la France ont eux aussi été prolixe dans ce domaine.
C'est le cas à Dijon de Jacques Reine PÂRIS et de son invention l'Harmoniphon.Il est né le 27 août 1795 à Dijon ; son père était tapissier dans cette ville. Dés l'âge de six ans il rentra à la Maîtrise de Dijon dirigée alors par un italien célèbre : TRAVISINI. Il y étudia la musique et le solfège avec TRAVISINI, le chant avec BLANDINI, la composition avec BUTON. Il eut comme camarade Pierre Louis DIETSCHE, lui aussi natif de Dijon et qui devint un célèbre compositeur parisien. "DIETSCHE et PÂRIS furent souvent frappés. Il (Travisini) se servait pour corriger ses élèves d'un fouet avec des cordes de contrebasse".
Étiquette d'un Harmoniphon à 27 touches. (ebay 3 2011)
 
Vers 1815, il partit pour Paris, muni d'une lettre de recommandation pour le célèbre CHORON, alors directeur de l'opéra et chef d'une célèbre école de musique. J.R. PÂRIS rentra à l'école Choron comme professeur en même temps qu'il continuait ses études d'harmonie et de contre point au conservatoire de Paris. Il obtint rapidement des premiers prix dans ces domaines.
Deux ans et demi après être arrivé à Paris il devint professeur de solfège, au conservatoire de Paris en remplacement d'HALEVY qui partait pour Rome. C'est à cette époque qu'il épouse Anne FEUCHOT née en 1801 ; c'est également à cette époque qu'il fit paraître "une théorie musicale", mais surtout un ouvrage intitulé "Méthode Jacotot appliquée à l'étude du piano".En 1827, la place de maître de chapelle à la cathédrale de Dijon étant vacante, il rentre à Dijon. Il fit représenter dans sa ville de nombreuses oeuvres dont deux de ses opéras dont il avait fait la musique et les livrets : l'un en 2 actes en 1835 et l'un en trois en 1847.
Harmoniphon, détail de l'entrée d'air soit avec un tube élastique
muni d'une embouchure ou à l'aide d'un soufflet à main.
Dans les années 1830, le gouvernement diminua les sommes allouées aux maîtrises, donc en conséquence les appointements des directeurs. C'est la raison pour laquelle il accepta la place d'organiste de la cathédrale.
Le 19 août 1836 , il obtint un brevet de 5 ans avec Mrs LECROSNIER et TREMBLAÏ, pour un instrument de musique qu'ils nomment Harmoniphon, "ancêtre du mélodica".
A chaque touche du clavier correspond une lame métallique vibrante, qui va donner la note, actionnée par l'air apporté soit par un tube élastique muni d'une embouchure ou par un soufflet actionné à la main. La touche du clavier au repos bloque la lame métallique correspondante et lorsque l'on actionne cette même touche, la lame, libérée va vibrer sous l'action de l'air.

A l'origine de cette invention J.R PÂRIS voulait créer un instrument, remplaçant le hautbois indispensable dans un orchestre : "Une des plus grandes difficultés pour l'exécution des opéras en province est la rareté de certains instruments à vent. Les villes qui ont une garnison trouvent des instrumentistes dans les régiments, mais il y en a que la musique militaire n'admet plus : ce sont les bassons et les hautbois, sans lesquels il n'y a pas d'orchestre possible.
Au départ il proposait l'harmoniphon hautbois, mais à l'exposition de Paris de 1839, il propose de nombreuses améliorations.

"Dans l'origine, M.PÂRIS ne s'était proposé que d'imiter le hautbois; mais il a bientôt compris qu'il manquerait quelque chose à son invention, s'il ne la complétait pas par l'imitation du cor anglais......M. PÂRIS a complètement réussi ; nous dirons même qu'ici l'imitation approche plus encore de l'instrument original. L'Harmoniphon - hautbois et l'Harmoniphon-cor-anglais sont de la même grandeur, et ne différent que dans leur diapason. Un troisième Harmoniphon de plus grande dimension réunit les deux instruments, et embrasse l'étendue de trois octaves". Tout doit concourir à assurer le succès de cet instrument, que l'on trouve à Paris chez Mr. FREY, marchand de musique, place des Victoires, et à Dijon, chez Mr PÂRIS...."

Ci dessous vous avez un des shémas du Brevet de 1836, du mécanisme de l'Harmoniphon Hautbois à 18 touches.
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C'est dans ces années 1830 qu'il ouvrit un magasin de musique à Dijon rue Saint Philibert. Même si l'Harmoniphon rencontra un succès d'estime et une mention honorable à l'exposition nationale de Paris de 1839, J.R. PÂRIS ajouta bien vite la vente de pianos et d'instruments de musique à son activité.

Dans les années suivantes il devint officier d'académie et membre de l'académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, avant de décédé à 80 ans le 8 novembre 1875 au 11 rue Chabot Charny.

Source : * Gazette Musicale de Paris. N°21 du 26 mai 1839. *Charles Emile Poisot. Essai sur les musiciens bourguignons. Dijon 1854. *Archives départementales de Côte d'Or.